FDLM#455 : Et si le cinéma se mettait au service de la transition écologique
Culture : Et si le cinéma se mettait au service de la transition écologique ? – RFI le français facile
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Le septième art commence à se mettre en action face à la crise climatique. Des productions de film calculent désormais leur bilan carbone pour tenter de réduire leurs émissions de gaz qui contribuent au réchauffement mondial. Mais il y a un autre levier dont peut se servir le septième art : le pouvoir de l’imaginaire.
LIEN RFI : Questions d’environnement du 5 septembre 2024
Nathalie Amar : Bonjour Lucile Gimberg
Lucile Gimberg : Bonjour.
Nathalie Amar : Des productions de films calculent désormais leur bilan carbone. Mais il y a un autre levier dont peut se servir le septième art : c’est le pouvoir de l’imaginaire, évidemment.
Lucile Gimberg : Oui, les histoires que l’on voit sur grand écran ont un impact sur nos représentations du monde. Et ces représentations du monde, eh bien, elles donnent lieu ensuite à des comportements économiques, sociaux, politiques.
Cyril Dion est réalisateur, écrivain et militant écologiste. Pour lui, après avoir fait la promotion de « l’American way of Life » et d’une vision consumériste du monde, le cinéma peut maintenant accompagner les changements de la société vers une société plus écologique.
Cyril Dion : Pourquoi est-ce que depuis quelques années, décennies, on voit de plus en plus d’héroïnes dans les films ? Bah, parce qu’on a voulu changer la [cette] représentation : un héros, c’est pas forcément un mec. Pourquoi est-ce que, par exemple, après l’élection de Barack Obama, l’acteur qui jouait David Palmer – donc, qui était le président dans une série qui s’appelait 24 Heures chrono – a dit : « Mais je suis sûr qu’on a eu un impact considérable. » ? Parce que tous les jeudis, il y a des gens qui regardaient une chaîne américaine – ils étaient 45 millions – et le président était noir et ils en faisaient pas toute une histoire. Et donc, les gens se sont habitués à cette réalité-là.
Lucile Gimberg : En montrant un repas de famille végétarien, une usine alimentée par des énergies renouvelables ou des personnages qui trouvent has been de rouler en gros SUV et qui ont arrêté l’avion. À travers le quotidien, l’anodin, qu’il met en scène, le cinéma peut indiquer les chemins de la transition écologique et même les rendre désirables. On peut, oui, s’identifier à la trajectoire de grands personnages qui luttent ou qui changent totalement de vie au nom des enjeux écologiques. Vous pouvez par exemple aller voir le film de Todd Haynes, Dark Waters, autour des polluants éternels.
Nathalie Amar : Alors c’est vrai, on n’y manquera pas, d’ailleurs, Lucile. Mais il faut dire que c’est une exception, parce que, pour le moment, les films qui donnent à voir le monde de demain sont plutôt apocalyptiques, hein.
Lucile Gimberg : Oui, ce sont surtout des histoires de chaos, des mondes où il n’y a plus d’eau, plus d’arbres, où il y a beaucoup plus de conflits, où on a perdu la bataille écologique, au fond. Ou alors ce sont des films enquête, comme par exemple Les Algues vertes, de Pierre Jolivet, sur les effets de l’agrobusiness dans l’ouest de la France.
Des histoires plus novatrices apparaissent peu à peu : on peut penser au Règne animal. Mais c’est encore balbutiant et il y a un espace immense pour imaginer à quoi ressemblera un avenir où on aura été à la hauteur des enjeux écologiques.
Nathalie Amar : Mais alors, comment faire émerger ces récits au cinéma ?
Lucile Gimberg : Eh bien, des collectifs et des festivals se sont lancés dans ce travail, en organisant notamment des résidences d’écriture. Écoutez Cyril Dion. Il a cofondé le collectif Cinéma uni pour la transition CUT !
Cyril Dion : J’en parlais avec des scénaristes et ils me disaient : « C’est dur, c’est compliqué de mettre ça dans les films. » Mais je leur disais : « Bah, en même temps, ce qui est un peu bizarre, c’est que ça existe déjà. C’est-à-dire que si vous racontez des histoires qui se passent au présent, vos personnages, ils vivent déjà dans un monde qui se réchauffe, ils vivent déjà dans un monde où les espèces disparaissent. Donc, d’une certaine manière, il n’y a rien à faire de particulier. Y a juste à le dire, à ne pas l’occulter ! Le monde que vous montrez dans vos films où y a pas de réchauffement climatique, il n’existe pas. » Et ils étaient vachement choqués. Ils me disaient : « Mais ouais, c’est vrai, en fait, on avait jamais pensé à ça… »
Lucile Gimberg : Appel donc aux scénaristes, réalisateurs, réalisatrices, distributeurs, distributrices, à faire exister ces nouveaux récits.
Nathalie Amar : Lucile Gimberg, pour notre Questions d’environnement du jour. Merci à vous !
Lexique
Cinéma et écriture : le pouvoir de l’imaginaire ; une production de film ; le septième art ; le grand écran ; un réalisateur/une réalisatrice ; un écrivain/une écrivaine ; un héros/une héroïne ; un film ; un acteur/une actrice ; une série ; une chaîne de télévision ; mettre en scène ; un film apocalyptique ; un film enquête ; un récit ; un collectif ; un festival ; une résidence d’écriture ; un/une scénariste ; un distributeur/une distributrice.
Écologie et développement durable : un impact ; un bilan carbone ; un militant/une militante écologiste ; végétarien/végétarienne ; une énergie renouvelable ; la transition écologique ; un enjeu écologique ; un polluant éternel ; une bataille écologique ; une espèce ; le réchauffement climatique.
Mode de vie actuel : l’« American way of Life » ; une vision consumériste du monde ; une élection ; un président ; un repas de famille ; un SUV [Sport utility vehicle, littéralement véhicule utilitaire à caractère sportif] ; un avion ; le quotidien ; anodin/anodine ; l’agrobusiness.
Fiche proposée par Marine Bechtel