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Fdlm#445 – Génération Covid – Le témoignage de Sammy

Posté le par Pierre Alain Le Cheviller

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Génération Covid – L’enseignement à distance : le témoignage de Sammy


Pour aller plus loin :

Samir :
Sur un an et demi de cours, j’ai eu quatre mois de fac en présentiel. L’année dernière en plus, c’était pas au point du tout parce qu’on avait des cours à distance mais rien par zoom. C’était que des cours qui étaient envoyés sur un site Internet et du coup, il fallait qu’on se débrouille avec ce qu’on avait, quoi ! Donc, si on ne comprenait pas, on était perdus !

[Un professeur à distance sur l’ordinateur : « Voilà les deux infos par rapport au contrôle théorique et au contrôle pratique. »]

Lucie Bouteloup :
Samir a dix-neuf ans. Il est étudiant en deuxième année de STAPS, les sciences et techniques des activités physiques et sportives. Nous le retrouvons dans son petit studio pour son premier cours en visioconférence de la matinée. Attablé à un bureau de fortune aménagé sur sa table à manger, il tente de suivre son cours théorique en football.

Samir :
J’ai des problèmes techniques sur mon ordinateur. C’est un vieil ordi que j’ai. Donc, j’ai mon micro qui a du mal à s’activer, ce qui fait que quand je pose une question, le prof ne va pas forcément l’entendre ou pas forcément réagir en conséquence. Donc, ma question, je ne vais peut-être pas oser la poser ou si je la pose, je ne vais pas avoir de réponse. Du coup, je ne vais pas comprendre un certain passage du cours. Il y a un autre problème aussi. C’est que, du coup, pour pallier à ça, je veux poser une question dans le chat, sauf qu’il y a des profs qui vont regarder le chat mais il y en a d’autres qui ne vont pas le regarder du tout. Donc, j’ai une chance sur deux d’avoir ma question qui est posée
dans le vide.
[Un professeur à distance sur l’ordinateur : « Et c’est la première, donc au Moyen-Âge qu’on voit apparaître une structure avec un système de jeu, on va dire, fixe. Donc, c’est pas inintéressant. »]

Samir :
C’est aussi très dur de se concentrer chez soi. Moi, par exemple, j’ai deux consoles, j’ai la télé. Il suffit que mon téléphone, il vibre et ça y est, directement, je suis attiré par cet objet.

Lucie Bouteloup :
Et avoir un prof en chair et en os en face de toi, ça ne te manque pas ?

Samir :
Ben si, clairement ! Parce que là, on a l’impression de parler à un mur. Alors que quand on a quelqu’un en face de soi, il y a ses gimmicks, ses mouvements qui vont plus rester dans notre mémoire, alors que là, ben, avec les bugs de connexion, derrière un micro, derrière un ordi, c’est plus compliqué.
[Un professeur à distance sur l’ordinateur : « Attention, le gardien est simplement un joueur qui se trouve devant les poteaux. »]

Samir :
L’avantage principal, c’est que, du coup, c’est plus facile de valider ses partiels parce qu’on peut tricher, clairement, sans aucune preuve. Nous, par exemple, nos partiels l’année dernière, la caméra n’était pas activée, le micro n’était pas activé. On n’avait même pas de prof qui nous surveillait. Du coup, 90% des gens ont validé leur première année quand même. En temps normal, je pense que ça aurait été 70%. Bon, moi je fais partie de la catégorie « honnête », je ne vais pas tricher ! [rires]

[Un professeur à distance sur l’ordinateur : « … et créé avec l’apparition d’un joueur… »]
Et puis, il y a le fait de pouvoir rester chez soi, en pyjama, assister au cours juste en sortant du lit, voire assister à son cours depuis son lit. Après par contre, les désavantages, il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup et être un jeune de 20 ans en 2020, c’est pas quelque chose de facile en vrai. Je suis quelqu’un de solitaire de base, mais même, à la longue, de rester tout seul, on a un sentiment bizarre qui apparaît, comme du mal-être, en fait. J’ai l’impression d’avoir un vide en moi.

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