Fdlm#445 – Expression : Eureka
Expression : Eureka
« Les mots de l’actualité » du 16/01/2023 – Yvan Amar
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Le mot de l’actualité avec la Délégation à langue française du ministère de la Culture
Eurêka au pays du sanskrit.
Voilà un titre étonnant que j’ai entendu sur RFI qui met en avant la découverte d’un étudiant de Cambridge qui a peut être découvert le secret de la grammaire du sanskrit. Le sanskrit, l’une des nombreuses langues de l’Inde très particulière, ancienne, savante, dans laquelle sont écrits les textes fondamentaux du brahmanisme.
Eh bien cette langue il y a bien longtemps a été codifiée. On en a fait comme un mode d’emploi, en tout cas une grammaire très sophistiquée, mais on ne sait pas toujours exactement comment l’appliquer, cette grammaire, comment s’en servir. Et peut être que justement, cet étudiant de Cambridge Rishi Rajpopat a trouvé une avancée importante dans ce sens.
Est-ce que c’est vraiment la clé de la grammaire sanskrite? C’est un peu tôt pour le dire, mais son intuition est présentée comme déterminante. Eurêka! Alors il n’est pas sûr qu’il ait dit Eurêka, cet étudiant Cambridge. Mais cette interjection donne l’idée que la lumière a jailli. En principe, en effet, c’est la personne qui trouve qui dit ça. La formule a pu s’étendre. Une formule sympathique, un peu mystérieuse, un peu cabalistique.
Eurêka, qui exprime une situation et un sentiment assez précis, parce que ça donne l’idée que devant un problème difficile, dont longtemps on a cherché la solution. Tout d’un coup, on a eu la lumière. De façon très subite et inattendue, on a trouvé la solution. « Eurêka! » « Eurêka! J’ai trouvé! » Alors l’utilisation du mot en français n’est pas si ancienne, ça date du 19ᵉ. Ça se développe à partir des légendes tissées autour de la personnalité d’Archimède.
Archimède, génial mathématicien, astronome, physicien grec de Sicile dont la vie est assez peu connue, et autour de la personnalité d’Archimède se sont développées quelques légendes. Sa mort, par exemple à Syracuse. Le siège de Syracuse par les Romains, a donné lieu à un certain nombre d’exactions, de crimes, et un soldat romain a tué Archimède qui, paraît-il, aurait dit « n’efface pas mes cercles ».
Alors là, on voit toute cette espèce de figure mythique du savant qui, jusqu’au dernier moment, au moment de sa mort, est perdue dans ses pensées scientifiques et dans ses avancées. Et de même, on connaît la célèbre anecdote de la baignoire d’Archimède. C’est par Vitruve qu’on la connaît.
Vitruve est un architecte romain qui a vécu deux siècles après Archimède, qu’il mentionne dans son traité d’architecture et qui resitue la découverte de ce principe d’Archimède. Alors il raconte que le génie prend son bain et que il s’aperçoit que le niveau d’eau monte quand il entre dedans et que Archimède, aussitôt, en déduit le théorème qui explique le phénomène qu’il sort de l’eau tout exalté et qu’à moitié nu, il parcourt les rues de Syracuse en criant « Eurêka! Eurêka! » Ce qui en grec veut dire « J’ai trouvé, j’ai trouvé! »
De là l’exclamation qui a parcouru les siècles pour être encore parfois utilisée aujourd’hui dans des circonstances plus banales.