Vivre et étudier en France – La mobilité en partage
Qu’en est-il aujourd’hui de la mobilité étudiante en France ? Avec la crise sanitaire, les cartes ont été redistribuées. Mais la tendance demeure : l’internationalisation de l’enseignement s’impose bel et bien dans un contexte de concurrence accrue, sous l’influence aussi d’évènements comme le Brexit et la guerre en Ukraine.
L’attractivité de l’enseignement supérieur français demeure vivace. En particulier dans le domaine de la recherche puisque 11 % des étudiants internationaux en mobilité en France préparent une thèse (source OCDE). Comme le souligne judicieusement le rapport de l’Observatoire territorial de la mobilité internationale des étudiants et des chercheurs : « Le nombre d’étudiants internationaux est un élément de soft power, un signe de l’attractivité du système d’enseignement et témoigne de la capacité à former les élites de demain et à diffuser ses valeurs. Les étudiants en mobilité génèrent également des revenus pour les territoires et les établissements, renforcent les liens économiques et peuvent, s’ils demeurent dans le pays qui les a formés, renforcer durablement la société et l’économie qui les accueillent. » Selon les derniers chiffres publiés par Campus France, on compte actuellement 365 000 étudiants étrangers dans l’Hexagone. Soit la 7e place des pays d’accueil des étudiants internationaux après les États-Unis, l’Australie, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Russie et le Canada. Peut mieux faire ? Certainement ! En multipliant les échanges, en favorisant les mobilités entrantes et sortantes. Car les étudiants français ont compris eux aussi l’enjeu de s’ouvrir aux diversités culturelles et linguistiques et d’aller étudier ailleurs puisqu’ils occupent la 5e place parmi les plus mobiles (après la Chine, l’Inde, le Vietnam et l’Allemagne). Mais les chiffres ne disent pas tout ! Voici les témoignages de deux expériences de mobilité choisie et réussie.
Témoignages
« Le français est mon outil de travail ! »
Alicia Serrano Sanchez, 26 ans, Espagne. Venue de Madrid, Alicia vient de terminer un Master Interprétation de conférence et compte s’installer en France pour y travailler en tant qu’interprète et traductrice (espagnol-français, espagnol-anglais).
« J’ai commencé à apprendre le français à l’âge de 13 ans, comme deuxième langue après l’anglais. À vrai dire, je n’ai pas eu vraiment le choix ! Mais très vite, je me suis intéressée à la culture française, à l’art, à la littérature et à tous les aspects culturels que l’on peut voir dans les films, les séries… J’ai eu aussi l’occasion d’aller en France lors de voyages touristiques avec ma famille. Grâce à Erasmus, j’ai pu étudier à Angers (à l’Université catholique de l’Ouest). J’ai obtenu ensuite un poste d’assistante en espagnol en Aquitaine, à Dax. Et grâce à une bourse de l’ambassade de France, j’ai pu faire le Master d’interprétariat de Strasbourg. J’ai pu apprécier la diversité des régions française grâce à mes séjours et aux amis que je me suis fait venant de partout : Montpellier, Nantes, Strasbourg, Besançon…
Je trouve que la France a une offre éducative très vaste. Quand j’ai regardé les programmes d’études sur Internet j’ai trouvé qu’il y avait de très bonnes écoles, particulièrement dans le domaine de l’interprétariat de conférence. Pour apprendre le français, mon expérience d’assistante en espagnol a été déterminante. Je me suis encore plus immergée dans la culture française. J’habitais dans une petite ville où presque personne ne parlait ma langue ! Grâce à l’Union européenne, j’ai pu voyager librement entre l’Espagne et la France et vivre en France, et même profiter d’aides financières. La mobilité est une chose mais les bourses (Erasmus entre autres) encouragent les gens à sortir de leur pays, à découvrir d’autres cultures, à apprendre d’autres langues et aussi à se confronter à différents types de gens et de situations qu’ils n’auraient jamais rencontrés dans leur pays d’origine.
Le français va devenir essentiel à partir de maintenant parce que je viens de finir mes études : cela va être mon outil de travail en fait ! Le français a aussi une dimension personnelle pour moi car au fil des années il m’a permis d’établir de vraies relations. Des liens avec des gens avec qui j’aurais pu parler en anglais, mais quand on parle avec quelqu’un dans sa langue maternelle, je trouve qu’on établit des liens un peu plus forts.
Aujourd’hui, pour aider la France comme elle m’a aidée, j’ai commencé à écrire des articles sur le blog des e-ambassadeurs de Campus France. Pour l’instant, je me suis concentrée plus sur Strasbourg. Je trouve qu’elle n’est pas aussi connue que Paris et c’est dommage. Strasbourg et la région d’Alsace sont des endroits où plusieurs cultures, plusieurs langues se mélangent et c’est un territoire qui a une histoire fascinante ! »
« Le monde entier dans un seul pays ! »
Giovanni Britton Orozco, 27 ans, Colombie. Originaire de l’île de la Providence, Giovanni est ingénieur en micro-électronique et termine à Grenoble une thèse sur des ordinateurs quantiques. Il souhaite s’établir en France si possible, ou là où son talent sera reconnu !
« Quand j’étais petit, ma voisine était française. Je partageais beaucoup avec elle. Elle était très connue chez nous parce qu’elle faisait des travaux manuels, du vin, des bonbons pour les enfants… Cela a été ma première rencontre avec la langue et la culture françaises ! À l’université, on avait l’option d’apprendre le français, précisément pour partir en France et y faire ses études. Étant donné l’expérience que j’avais eue avec cette femme et le fait que la langue française est reconnue dans le monde entier par sa littérature, les philosophes, les scientifiques, ça m’a poussé à apprendre le français. J’ai suivi un cours intensif pendant huit mois en Colombie et je suis parti à Grenoble grâce à une bourse de Campus France. Un de mes objectifs quand je suis arrivé, était d’apprendre beaucoup de la culture française, rencontrer du monde. Je me suis rendu compte que ce n’était pas si facile. Cela prend du temps. Il y a beaucoup de bureaucratie, de papiers à faire je trouve et les supermarchés ferment tôt, il faut s’organiser…
Il y avait un accord entre mon université en Colombie (Universidad national de Colombia) et une école d’ingénieurs, INP-Phelma. L’idée, c’était de faire un double diplôme. J’ai fait un stage de quelques mois à Bayonne, au Pays basque, puis je suis revenu à Grenoble poursuivre mes études. Ce qui me semble important ici c’est qu’on n’apprend pas seulement la théorie mais un savoir-faire, on fait de la recherche appliquée.
Le français m’a beaucoup apporté, indéniablement ! Dans mon milieu professionnel déjà, qui est international, cela m’aide beaucoup. Cela permet de se faire intégrer. Je crois que c’est Nelson Mandela qui a dit : « Si vous parlez à un homme dans une langue qu’il comprend cela lui monte à la tête. Si vous lui parlez dans sa langue, cela lui touche le coeur. » Et c’est vrai ! Je n’ai pas eu de difficultés au départ pour apprendre le français, c’est assez proche de l’espagnol. Mais en arrivant en France, je me suis aperçu que les Français ne parlaient pas comme on nous l’avait appris ! Ils coupaient les mots, utilisaient des expressions jamais entendues… Le plus difficile pour moi a été la prononciation. Réussir à me faire comprendre avec mon accent ! Mais venir en France m’a donné de l’espoir et de l’ambition. Cela a complètement changé ma vie de ma manière positive ! Une des choses les plus incroyables de mon expérience en France, ç’a été de rencontrer des gens venus de toutes les parties du monde : Asie, Afrique, Amériques. C’était le monde entier dans un même pays ! J’ai pu rencontrer beaucoup de personnes avec qui j’ai partagé énormément, même si nous n’avions pas le même regard. Cela m’a appris à voir les ressemblances et dissemblances entre différentes cultures. »
Un observatoire pour mieux définir l’avenir des mobilités
La seconde édition de L’Observatoire territorial de la mobilité internationale des étudiants et des chercheurs a été publiée en mai 2022 (la première date de juin 2018). L’Observatoire a été piloté par la DAECT (délégation pour l’Action extérieure des collectivités territoriales) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères en collaboration avec Régions de France, l’Association des villes universitaires de France (AVUF), France Urbaine et Campus France. Un outil précieux qui permet de faire un état des lieux et d’avoir une idée générale des stratégies mises en place pour rendre la France plus attractive. Mais aussi de rendre compte de l’importance des actions au sein des villes et des métropoles que ce soit dans l’organisation d’évènements ou l’accompagnement plus concret dans les démarches administratives ou la recherche de logement…Le rapport est accessible sur :
https://bit.ly/3IDawZ3
Campus France
Agence nationale de promotion de l’enseignement supérieur français qui gère également les étudiants boursiers et les chercheurs, Campus France est un établissement public créé en 2011. La structure est placée sous la tutelle conjointe du ministère de l’Europe et des Affaires
étrangères et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
https://www.campusfrance.org/fr