Kamel Daoud. L’aventure, c’est l’écriture
Révélé en France par son Meursault, contre-enquête en 2014, qui donne un frère et un nom à L’Étranger de Camus, l’écrivain algérien Kamel Daoud a fait du français sa langue d’écriture. Une histoire d’amours indépendantes, de désirs du monde et de livres, surtout de livres.
Kamel Daoud est un aventurier d’un type un peu singulier. Pas de look baroudeur ou de cascade acrobatique mais des mots et un style en guise de corps à corps amoureux. D’une écriture qui tient les clichés à distance, ses récits dressent le portrait d’une Algérie au présent, avec ses beautés, ses contradictions, ses fantasmes. Et à ceux qui l’interrogent sur son rapport au français, langue aujourd’hui associée aux anciens colonisateurs de son pays, sa réponse est claire : « Cette langue est à moi, je la revendique, j’en jouis, je la piétine, je l’enlace, j’en fais ce que je veux, elle me fait dire le monde et je dis le monde avec elle. » Qu’importe le scandale, la déclaration d’indépendance est là. L’histoire commence en 1970 dans un village socialiste situé au sud de Mostaganem, la ville de naissance de Kamel Daoud.