« Je veux créer des alliances pour préserver la forêt »

Posté le par le français dans le monde

À chaque numéro, le témoignage d’une personnalité marquante de l’émission de TV5Monde présentée par Ivan Kabacoff. Aujourd’hui, Rodrigo Pacheco, chef de l’écorestaurant BocaValdivia, à Puerto Cayo, en Équateur. Une rubrique « Étonnants francophones » à retrouver dans le numéro 442 (septembre-octobre 2022) du Français dans le monde.

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Rodrigo, dans sa forêt comestible, à Puerto Cayo.

« Enfant, j’avais un livre d’apprentissage du français. Plus tard, ça m’a motivé pour commencer des études à l’Alliance française alors que j’étais étudiant au Chili. Ensuite, je suis parti en France pour étudier à l’institut Paul Bocuse. Et c’est là que j’ai vraiment appris la langue, grâce aussi à mon colocataire parisien et ami Youri, qui m’a aidé à comprendre comment parlaient les Français au quotidien, l’argot, les jeux de mots, les expressions typiques…

Pour moi, le français est une langue qui a la capacité de faire rêver, avec une vraie énergie, une culture, une tradition qu’on peut absorber à travers son apprentissage. C’est une langue spéciale, surtout pour mon métier, l’hôtellerie-restauration, avec tout un vocabulaire né en France et qui s’est transporté partout dans le monde. Je voulais être prêt à répondre aux exigences des chefs les plus difficiles. J’ai travaillé quatre ans en France, dans des restaurants étoilés, où on ne peut pas interpréter de manière équivoque un ordre du chef. C’est une pression qui est devenue une nécessité, un objectif pour l’apprentissage. Mon immersion en français a été très profonde, j’ai été marqué par des rencontres formidables comme celle avec le chef Michel Bras et d’autres beaucoup plus dures mais, à la fin, la balance est toujours positive. Cela m’a fait grandir, m’a fait progresser.

« Mon immersion en français a été très profonde, j’ai été marqué par des rencontres formidables comme celle avec le chef Michel Bras et d’autres beaucoup plus dures mais, à la fin, la balance est toujours positive. Cela m’a fait grandir, m’a fait progresser »

Avec Ivan Kabacoff, qui a pêché là un gros poisson !

Aujourd’hui, je suis ambassadeur de bonne volonté pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cela me met en contact avec des gens de tous les pays, y compris la France, où j’ai toujours des amis et des opportunités d’échanger sur mes activités, sur des projets.

À Puerto Cayo, je m’occupe de l’implantation de la plus grande forêt comestible du monde : 107 ha. En septembre, on veut agrandir ce projet d’agroforesterie à 400 ha. Dans mon restaurant de BocaValdivia, depuis 10 ans nous nous efforçons de préserver la nature et de fonctionner en harmonie avec les écosystèmes. Et si déjà une centaine de nationalités est venue ici pour goûter notre cuisine, il n’y a que 12 convives maximum par service. On veut créer une gastronomie et un tourisme responsables, on met en place des alliances, on communique sur notre volonté de créer des forêts et des réserves en lançant des appels aux dons et à l’action. C’est un projet que j’aimerais partager avec la France. Si un petit resto comme le nôtre est capable de protéger 400 ha de forêt primaire, je vous demande ce que seront capables de faire les grandes entreprises, les grands restaurants ? C’est une question essentielle à l’heure du changement climatique qui nous affecte tous.

« On veut créer une gastronomie et un tourisme responsables, on met en place des alliances, on communique sur notre volonté de créer des forêts et des réserves en lançant des appels aux dons et à l’action. C’est un projet que j’aimerais partager avec la France »

Je viens d’ouvrir un second restaurant à Quito, « Foresta ». Né aussi grâce à la création d’une forêt comestible d’un demi-hectare au cœur de la ville. On y privilégie la biodiversité équatorienne tout en utilisant la sagesse ancestrale des cultures millénaires qui ont habité l’Équateur et qui étaient alors les plus avancées du monde. Il faut savoir que l’Équateur est le pays avec la plus grande biodiversité du monde par mètre carré. C’est d’ici que proviennent beaucoup de produits essentiels aux cuisines française, italienne ou espagnole : tomate, pomme de terre, maïs, avocat, piment, cacao, cacahuète, passiflore, fruit de la passion, ananas, potiron… Je veux faire connaître cette biodiversité, protéger et restaurer ces écosystèmes. Et c’est pour ça que je veux continuer mon métier et mes relations avec la France, pour pouvoir compter aussi sur son soutien dans ce combat pour la préservation et la valorisation de ces forêts. »

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Rodrigo aux fourneaux, dans son restaurant de BocaValdivia.

 

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