FDLM441 – Jeux d’enfants : la collection d’un artiste
Rendez-vous culture – Jeux d’enfants : la collection d’un artiste
Rendez-vous culture du 29/04/2022 : Les jeux d’enfants de Francis Alÿs – Isabelle Chenu
Pour aller plus loin, faites l’exercice sur RFI Savoirs :
https://savoirs.rfi.fr/fr/apprendre-enseigner/culture/jeux-denfants-la-collection-dun-artiste/1
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[cris et rires d’enfants en train de jouer]
Isabelle Chenu : Faire la chenille dans la neige, dévaler des pentes, sauter à la corde, jouer aux billes, à l’élastique : l’univers des jeux d’enfants fascine l’artiste Francis Alÿs. A la Biennale des arts de Venise dans le pavillon belge, il a installé une douzaine de grands
écrans sur lesquels défilent des vidéos de jeux d’enfants issus de tous les pays du monde. Des jeux dans l’espace public, en voie de disparition.
Francis Alÿs : La pandémie n’a pas aidé, je crois. Mais disons que c’est surtout à cause de l’omniprésence de la voiture dans l’espace urbain, d’une certaine manière aussi tout l’univers digital et la manière qu’ont les enfants de communiquer entre eux. Mais je crois que la raison principale de la disparition des jeux d’enfants, c’est tout simplement que les parents ne laissent plus leurs enfants jouer dans l’espace public comme moi j’ai pu jouer en étant gosse, c’est à dire dans les années 60.
Isabelle Chenu : Un projet artistique à destination du monde adulte qui raconte l’importance du jeu dans la construction de l’enfant, espace de liberté où s’établissent des valeurs, où s’assimile le monde adulte. Francis Alÿs réalise un travail d’archive et de mémoire avec l’envie de garder trace des règles de ces jeux à l’air libre, en perte de vitesse.
Francis Alÿs : C’est généralisé mais je crois que les vitesses sont différentes. Je crois que dans le monde occidental, c’est plus rapide. Dans les milieux très urbains, c’est plus rapide. Il faut vraiment aller dans des cultures isolées. Je pense, par exemple, au cas de l’Afghanistan où il y a vraiment une espèce d’isolement par les conflits ou par le boycott international comme actuellement qui ont fait que l’enfant a préservé plus longtemps cette espèce de pratique plus traditionnelle du jeu.
Isabelle Chenu : Gros plan sur le jeu du Kissolo filmé en République démocratique du Congo.
Francis Alÿs : Le jeu de Kissolo, c’est un jeu qui a des milliers d’années. C’est un des jeux les plus anciens – avec le jeu des osselets – qui semblerait-il est originaire de cette partie-là du monde – Burundi, Katenga – plus connu sous le nom de Mancala. Et c’est un jeu qui
existe en Asie, qui a beaucoup voyagé. Mais, même ce jeu-là quand j’ai voulu le filmer dans la région de Bumbachi, j’ai eu du mal à trouver des enfants qui arrivaient encore à le jouer.
Isabelle Chenu : Des jeux mixtes, collaboratifs, compétitifs, pour filles ou pour garçons, une façon pour chacun de se souvenir de l’enfant qu’il a été.
Francis Alÿs : Plus de jeux entrent dans les collections, plus il semble y avoir des trous. Plus les gens me disent : « Ah, il manque tel jeu, il manque tel jeu ! » Donc, je crois que c’est un projet qui peut m’occuper encore pendant un bon moment pour compléter, avoir une espèce de représentation des jeux essentiels de notre présence.
Isabelle Chenu : 35 jeux d’enfants d’aujourd’hui, tous accessibles gratuitement, à découvrir sur le site internet francisalys.com.
[enfants en train de jouer]
Lexique
Les jeux d’enfants : faire la chenille ; sauter à la corde ; jouer aux billes ; jouer à l’élastique ; le kissoro (ou Mancala) ; les osselets ; à l’air libre ; les règles d’un jeu ; une pratique ; traditionnel/traditionnelle ; mixte ; collaboratif/collaborative; compétitif/compétitive.
L’art : un/une artiste ; un écran ; une vidéo ; un projet artistique ; filmer.
La mémoire : une disparition ; en voie de disparition ; une archive ; garder une trace.