FDLM440 – Femmes artistes des Années folles
Reportage – Femmes artistes des Années folles
Rendez-vous Culture du 04/03/2022 : « L’exposition « Pionnières », les femmes artistes dans le Paris des Années folles » – Isabelle Chenu
Pour aller plus loin, faites l’exercice sur RFI Savoirs :
https://savoirs.rfi.fr/fr/apprendre-enseigner/culture/femmes-artistes-des-annees-folles/1
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Isabelle Chenu :
Paris 1920 : un vent de renouveau souffle sur la capitale française. Les Années folles sont synonymes de fêtes, de croissance économique.
Joséphine Baker remplit les salles, habillée de plumes d’autruche. C’est aussi une femme d’affaires
avisée.
[On entend un extrait de chanson de Joséphine Baker : « Ne me demandez pas si j’aime Paris »]
Un siècle plus tard, le musée du Luxembourg ressuscite ce moment exceptionnel de liberté et de visibilité des artistes femmes.
Lucia Pesapane est l’une des commissaires de l’exposition « Pionnières ».
Lucia Pesapane :
C’était la fin de la Première Guerre mondiale. Donc beaucoup d’artistes ont dû fuir leur pays, parce que les frontières ont été complètement redessinées par le traité de Versailles en 1919. Elles savaient qu’à Paris, on expérimentait un nouveau langage.
Il fallait apprendre et après, elles étaient comme des passeuses. Elles ont re-exporté, disons, la modernité dans leur propre pays.
Isabelle Chenu :
Les artistes femmes s’emparent du thème du nu féminin, sujet jusqu’alors défini par les hommes.
Camille Morineau.
Camille Morineau :
C’est un nu non-érotique, tranquille, je dirais presque un peu dégenré, en tout cas. Une femme qui regarde son corps sans fard, sans essayer de l’embellir, qui va représenter la vieillesse ou la maternité de manière très nouvelle et intéressante. Qui va aussi s’intéresser à une classe, la classe populaire, pas du tout d’idéalisation dans ce nu.
Comment ça se passe une femme qui est chez elle déshabillée et qui rêve ou qui s’arrête de travailler : qu’est-ce que ça donne en fait ? Donc, c’est quelque chose de très contemporain qu’on a sous les yeux et qui s’invente dans ces années 20.
Isabelle Chenu :
Il y a 100 ans, les femmes n’ont pas le droit de vote, la contraception et l’avortement sont interdits. Et pourtant, l’artiste lesbienne Tamara de Lempicka, est immensément célèbre.
Camille Morineau :
Et d’ailleurs, elle passe dans les actualités filmées et on la voit se maquillant, on la voit peignant et on la voit peignant en particulier le portrait de Suzy Solidor, qui était sa maîtresse : très célèbre chanteuse de cabaret, chantant des chansons lesbiennes.
Donc on est vraiment dans un univers très ouvert, très tolérant, où Tamara de Lempicka gagne extrêmement bien sa vie.
Paris est la seule ville où on n’enferme pas les homosexuels en prison et où va s’élaborer ce qu’on appelle, ce qu’on appelait à l’époque, le troisième genre, qui va se décliner de plein de manières différentes : on a des femmes amazones, on a des hommes efféminés.
Mais c’est vraiment des années très originales et fortes.
Isabelle Chenu :
Si Suzanne Valadon ou Marie Laurencin ont laissé leur nom dans l’histoire, il aura fallu trois ans de recherches pour remettre à jour le réseau qui unissait ces pionnières et retrouver leurs œuvres éparpillées dans le monde.
L’incroyable modernité de quarante d’entre elles est à découvrir jusqu’en juillet à Paris, au musée du Luxembourg.