FDLM439 – Expression : Hameçonnage
Expression : hameçonnage
« Les mots de l’actualité » du 17/01/2022 – Yvan Amar
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Le mot de l’actualité avec la Délégation à langue française du ministère de la Culture
Attention filoutage, attention à l’hameçonnage : voilà deux mises en garde qui utilisent
deux mots différents au sens un petit peu différent d’ailleurs. Alors ce mot de filoutage il
avait été choisi et proposé par Franceterme le site de néologie officiel qui préconise de
remplacer des mots anglais par leur équivalent français. Donc on nous conseille d’éviter
le mot fishing en anglais et de le remplacer par filoutage. Seulement voilà, filoutage est
un peu vague. Il s’agit de se faire filouter c’est-à-dire escroquer. Mais les escroqueries,
elles sont diverses et nombreuses. Hameçonnage est un mot qui a été inventé au
Québec et proposé quelques années avant filoutage et il est plus précis. Il désigne une
ruse informatique. Il s’agit d’inciter quelqu’un à se connecter à un site internet frauduleux
c’est-à-dire qui se fait passer pour un autre. On fait croire à la victime que son compte a
été désactivé par exemple, qu’il faut le redynamiser et la malheureuse proie est ainsi
amené à prendre contact avec un site qui est la copie conforme de celui auquel elle a
affaire ordinairement. Seulement ce n’est pas lui, c’est un autre. Alors, on lui fait partager
des informations confidentielles qui serviront ensuite aux escrocs pour utiliser son
compte. Ce terme d’hameçonnage, il est trouvé de façon assez astucieuse parce qu’on
attire le naïf pour qu’il se découvre petit à petit. On le met en confiance, on le ferre. Et on
voit bien que ces mots – ferrer, hameçonner – sont empruntés au vocabulaire et aux
finesses de la pêche. On sait bien ce qu’est un hameçon : c’est un crochet qui est fixé au
bout d’une ligne et au bout duquel on fera pendre un appât. Alors on va tenter le poisson
avec une douceur apparente, sans hâte, pour mieux le berner et l’attraper. Et le
hameçon, depuis longtemps il est lié à ces techniques de séduction perverse. On dit de
quelqu’un « il mord à l’hameçon » quand il se laisse prendre au piège qu’on lui tend, que
l’appât du gain l’emporte sur la prudence. Et ces deux mots d’ailleurs, appât et hameçon,
sont à l’origine d’images assez semblables et au départ ils sont associés on le sait à la
même pratique. Mais ils désignent deux objets différents : le crochet pour l’hameçon et le
vermisseau ou le morceau de viande pour l’appât. En effet un appât c’est ce qui fait
envie et le verbe appâter en français, qui est plus fréquent que hameçonner, représente
bien cette idée qu’en tente quelqu’un la plupart du temps avec de mauvaises intentions,
mais pas toujours. On peut très bien dire « Mon cousin, j’aimerais bien qu’il vienne en
vacances avec nous, alors je l’ai appâté en lui parlant de la piscine » et cet appât il est
assez étonnant en français parce qu’il a un pluriel qui peut surprendre : au singulier on
écrit A-deux-P-à-accent circonflexe-t. Au pluriel il perd son circonflexe et il prend un S
mais il change de sens : il renvoie essentiellement à la séduction féminine qui attise le
désir et notamment à un décolleté qui trouble
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