Fdlm 432 – Tendance : Le fim d’animation « Calamity Jane » (02’22 »)
Culture : Le film d’animation Calamity Jane
« Rendez-vous Culture » du 14/10/2020 – Sophie Torlotin
Pour aller plus loin, faites l’exercice sur RFI Savoirs :
https://savoirs.rfi.fr/fr/apprendre-enseigner/culture/qui-etait-calamity-jane/1
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Une journaliste présentatrice
Elle fait partie de ces personnages dont on connaît le nom, mais très peu la vie. Et pourtant, elle est la femme la plus célèbre du Far West. Qui était vraiment Calamity Jane ? C’est au cœur du film d’animation Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary. Sophie Torlotin, le film a décroché le Cristal du meilleur film d’animation 2020 au festival d’Annecy.
La journaliste Sophie Torlotin
Comme tous ceux de sa génération, le cinéaste quinquagénaire, Rémi Chayé, connaissait mal Calamity Jane.
Rémi Chayé
À part, comme tout le monde, par Lucky Luke, par l’album de Morris. Quelqu’un de très grossier, qui s’habille en homme, quoi, voilà c’était à peu près tout ce que j’en connaissais.
Sophie Torlotin
Et puis, en regardant par hasard un documentaire, le réalisateur en apprend plus sur cette figure mythique de l’Ouest et décide d’inventer une aventure de jeunesse.
Extrait du dessin animé [hennissement, bruits de chariot et musique]
Une petite fille : Martha Jane, c’est quand qu’on arrive ?
Calamity Jane : Bientôt. Quand on arrivera en Oregon, les chariots s’arrêteront ! Et on se construira chacun une vraie maison.
Sophie Torlotin
1863 : un convoi de pionniers chemine dans les vastes plaines du Wyoming. Martha Jane Cannary a 11 ans et déjà un fort tempérament.
Extrait du dessin animé
Un homme : Qui va conduire le chariot ?
Calamity Jane : Moi, je veux bien le conduire, le chariot ! Je peux apprendre !
L’homme : Ne raconte pas d’âneries jeune fille.
[Musique de western]
Sophie Torlotin
La jeune fille enchaîne les maladresses et les catastrophes, avant d’assumer crânement son surnom de « Calamity ». Elle est féministe bien avant l’heure.
Rémi Chayé
C’est une révolutionnaire dans la spontanéité, c’est-à-dire que c’est jamais réfléchi. Elle le fait toujours parce que, elle met toujours un pantalon parce qu’elle a besoin de faire du cheval et que c’est plus pratique. Elle se coupe les cheveux parce que, Ethan vient de l’attraper par les cheveux et de la coller dans la boue et donc, c’est son point faible, elle s’en débarrasse.
Sophie Torlotin
Et elle pourrait être tentée de mener une vie d’homme, comme bon nombre de pionniers de l’époque.
Rémi Chayé
À l’époque, il n’y avait pas de carte d’identité, il n’y avait pas de traçage. Voilà, on passait d’une ville à l’autre, on se coupait les cheveux, on mettait un pantalon et on pouvait passer pour un homme.
Sophie Torlotin
Entamé avant le scandale #MeToo, ce deuxième long métrage de Rémi Chayé est bien dans l’air du temps.
Rémi Chayé
L’idée, c’est de créer des contre modèles. C’est-à-dire que les gamines [ne] soient pas toujours des princesses élégantes. [Musique du film] Et là, on s’amuse avec une gamine qui est turbulente, qui [ne] reste pas à sa place. Et qui décide d’être ce qu’elle est et pas ce qu’on lui dit d’être.
Extrait du dessin animé
Un homme : Qu’est-ce que tu fais avec ce pantalon ?!
Calamity Jane : Ben, c’est pour les chevaux !
L’homme : Quelle calamité ! Je ne tolèrerai jamais une telle tenue dans notre communauté !
Sophie Torlotin
Le propos féministe est servi par une animation sublime, composée d’aplats de couleurs diverses, pour rendre compte des paysages américains.
Rémi Chayé
On travaillait avec une technique un peu des impressionnistes, avec des juxtapositions de couleurs assez saturées. L’idée, c’était de faire vivre aux spectateurs une expérience visuelle intense quoi, on y a été fort en couleurs.
Sophie Torlotin
L’influence des impressionnistes se fait sentir, tout comme celle des grands maîtres du western.
Rémi Chayé
John Ford oui, c’est une référence pour nous sur le cadrage. Comme peut l’être Jeremiah Johnson de Sydney Pollack ou ce genre de film, où le paysage est au centre du film, quoi.
Sophie Torlotin
Avec Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, Rémi Chayé réalise un beau western féministe.