Fdlm 431 – Culture : Le château de Rosa Bonheur (02’36 »)
Culture : Le château de Rosa Bonheur
« Reportage Culture » du 20 septembre 2020 – Isabelle Chenu
Pour aller plus loin, faites l’exercice (B2) sur RFI Savoirs :
https://savoirs.rfi.fr/fr/apprendre-enseigner/culture/le-chateau-de-rosa-bonheur/1
Télécharger le reportage audio et la transcription (.zip)
La journaliste, Isabelle Chenu
Rosa Bonheur a été une des femmes peintres les plus en vue du XIXe siècle. Couverte de prix dès son plus jeune âge, célébrée pour sa peinture animalière en Europe et aux États-Unis. Il y a quelques années, Katherine Brault a racheté le château de By, en Seine et Marne, près de Fontainebleau. L’atelier de l’artiste et toutes ses archives avaient été conservées. La propriété avait été acquise par Rosa Bonheur en 1860 avec la vente de son grand tableau : Le marché aux chevaux.
Katherine Brault
Elle a une commande de l’État français, du duc de Morny. Et Rosa arrive avec des idées plein la tête, des yeux qui brillent : elle veut peindre des chevaux. Elle a fait quelques croquis et le duc de Morny refuse de les regarder. Et il lui dit :
« Non, une femme ne peint pas de chevaux, ça ne se fait pas. » Elle va prouver, en fait, une fois de plus, que ce qu’on lui raconte est stupide. Et elle va peindre le fameux Marché aux chevaux. Et ça va être un succès colossal. Effectivement, c’est ce tableau qui va être le début de sa carrière internationale et puis de sa grosse fortune aussi, hein. Ce tableau qui est maintenant au Metropolitan Museum de New-York.
Isabelle Chenu
Rosa Bonheur a consacré toute sa vie à la peinture. Elle a beaucoup produit, énormément vendu, ne s’est jamais marié et a vécu avec son amie d’enfance – et la mère de celle-ci – dans cette propriété, entourée de ses animaux.
Lou Brault, fille de l’actuelle propriétaire, s’attache à faire mieux connaître son talent de peintre animalier.
Lou Brault
Elle dit qu’elle se sent bien qu’au milieu des bêtes. Elle va avoir une ménagerie, elle va avoir plus de 200 animaux qui vont se balader ici, en liberté, pour la plupart. Elle construit des enclos, elle ne veut mettre personne en cage. Ce sont ses amis, ce sont ses modèles.
Et d’ailleurs là, on est dans son atelier et on est entouré d’une partie de sa ménagerie, puisque Rosa ne supportait pas d’être séparée de ses animaux quand ils venaient à mourir. Et donc, elle préférait les faire taxidermiser et qu’ils reviennent orner les murs de son atelier, pour pouvoir l’accompagner dans ses créations, pour pouvoir continuer peut-être parfois d’être ses modèles.
Isabelle Chenu
Avec l’arrivée des peintres impressionnistes, la peinture animalière perd sans doute en France un peu de son attrait. Mais surtout, l’histoire de l’art va être corrigée dans les manuels dans les années 1950. Et Rosa Bonheur disparait des encyclopédies et des dictionnaires.
Katherine Brault
Il faut savoir que, à l’École du Louvre, jusqu’à il y a un an à peu près, quand on parlait en histoire de l’art de la peinture animalière au XIXe siècle, on ne prononçait pas le nom de Rosa Bonheur. Et quand l’une de mes filles est allée voir son professeur, qui était une femme, en lui demandant : « Mais il n’y avait pas de femmes à cette époque ? » On lui a répondu : « Personne de remarquable ».
Isabelle Chenu
Katherine Brault s’est fixé un objectif et s’est fait le pari d’une exposition d’envergure à Paris, en 2022, pour le bicentenaire de la naissance de Rosa Bonheur.