Fdlm 418 – Actualité : Mai 68 et maintenant (3’20’’)
Mai 68 : c’était il y a 50 ans. La France était paralysée par sa plus importante grève générale du XXe siècle. Étudiants, ouvriers, et finalement toute la société s’est mobilisée, tout le monde s’est révolté contre les institutions et le capitalisme. Le militantisme, certes, n’est pas mort aujourd’hui, mais il a bien changé. Reportage : Marie Bouquet.
Télécharger le reportage audio et la transcription (.zip)
TRANSCRIPTION
Marie Bouquet – Il y a 50 ans / en mai 1968 / c’est du jamais vu / des étudiants occupent l’une des plus grandes universités en France / en plein Paris / la Sorbonne – Je crois que c’est la première fois que nous voulions faire / c’est-à-dire que de fait ici nous occupons la Sorbonne / politiquement il faut exactement savoir ce que maintenant nous allons faire car la situation est nouvelle – M. B. – Celui qui parle s’appelle Daniel Cohn-Bendit / l’un des leaders de la révolte étudiante / bien moins bavard et enthousiaste aujourd’hui quand on lui demande de plonger dans ses souvenirs / il n’aime pas revenir sur ce passé et on le sent bien quand on lui demande à quoi ressemblaient la mobilisation et le quotidien des militants – D. C.-B. – C’est une vie collective du matin au soir / avec réunions puis après il y a des manifestations / réunions en petits groupes / réunions en assemblées / c’est ça quoi / mais c’est / c’est ce / ce sentiment de collectif / d’une vingtaine / trentaine de / de personnes qui se voient pratiquement jour et nuit – M. B. – La colère dans les universités est à l’origine de Mai 68 / la plus importante grève générale du vingtième siècle en France / étudiants puis ouvriers et toute la société se mobilisent contre les institutions et le capitalisme / la France entière est paralysée / mais cinquante ans plus tard on ne milite plus de la même façon / Internet est passé par là / le cyber-militantisme / fini les barricades / la jeunesse hyper-connectée de 2018 milite à sa façon et les militants d’hier ont remarqué l’évolution des techniques comme ce couple qui a fait Mai 68 – Avec les portables / avec Facebook / avec tous les moyens qu’ils ont actuellement ils peuvent réagir beaucoup plus rapidement peut-être qu’avant – Et sans que pour autant il faille réunir une assemblée générale dans / ou / ou plutôt organiser des réunions dans tel amphi / etc. – M. B. – Mais Stéphanie qui était mobilisée lorsqu’elle était étudiante dans les années 90 tempère / en fait Internet est un moyen supplémentaire car les jeunes continuent de descendre dans la rue / on l’a vu d’ailleurs dans les université ce printemps 2018 – St. – En fait par rapport à nous ils ont plus de moyens / qui sont plus variés / il y a la rue toujours bien sûr / mais surtout il y a les nouvelles technologies qui s’ajoutent / ça donne / ça donne plus de poids et c’est plus rapide pour la mobilisation – M. B. – Quant aux engagements / aux raisons de la mobilisation / ils ont eux aussi évolué / mais pas en bien selon Matthieu – M. – Je pense que le militantisme aujourd’hui / c’est surtout un militantisme du buzz / c’est-à-dire qu’ils essayent de se réapproprier quelque chose qui était / qui avait plus de fond euh à l’époque de Mai 68 – M. B. – Alors qu’avant il y avait un vrai truc profond – M. – Voilà / un vrai / un vrai malaise / un vrai malaise des étudiants / et c’est pour ça que tout le monde se sentait plus concerné – M. B. – Une avancée tout de même / on voit des femmes aujourd’hui / parce qu’à l’époque ce n’était pas le cas se souvient cette ancienne étudiante de la Sorbonne – En tant que femme / jeune femme / il n’y avait absolument aucune place / ne serait-ce que dans les assemblées générales / dans les réunions / euh les hommes prenaient la parole et / et / et les femmes non / et ils la gardaient – M. B. – En fait l’engagement des jeunes aujourd’hui serait plus ponctuel / plus variable / plus volatile / féminisme / écologie / politique / lutte contre les discriminations / c’est selon leur humeur ou leurs besoins.
LEXIQUE
Buzz : (de l’anglais : bourdonnement) stratégie publicitaire fondée sur le bouche-à-oreille, qui s’appuie sur les consommateurs eux-mêmes pour promouvoir une personne, un produit ou un événement via les réseaux sociaux et les médias ; par extension, faire, créer le buzz, c’est être très présent dans les médias, avoir un important retentissement, être perçu comme étant à la pointe de la mode.