Fdlm 416 – Patrimoine : sur les pas de Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville (3’31’’)
C’est dans la propriété d’Ermenonville de son ami et admirateur le marquis René-Louis de Girardin que Jean-Jacques Rousseau passa les dernières semaines de sa vie, à marcher dans la nature et à herboriser. C’est là qu’il fut inhumé, avant que ses restes ne soient transférés au Panthéon quelques années plus tard. Le parc, qui porte aujourd’hui son nom, devint rapidement un lieu de pèlerinage. Simples curieux et personnages illustres vinrent y rendre hommage au célèbre philosophe ou y chercher l’inspiration. Et de nos jours encore, l’endroit reste imprégné de sa présence. Et nous marchons, à notre tour, sur les pas du solitaire d’Ermenonville en compagnie de la journaliste Ingrid Pohu.
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TRANSCRIPTION
Ingrid Pohu – C’est l’histoire d’un promeneur solitaire / Jean-Jacques Rousseau / qui aimait bien flâner dans un parc qui porte aujourd’hui son nom / Fabrice Boucault est responsable du parc Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville – F. B. – C’est pas une promenade facile / l’effort / la méditation / le physique / l’esprit / tout doit fonctionner en même temps – I. P. – Faire marcher la tête et les jambes / un exercice quotidien pour Rousseau / passionné par la botanique / c’est lui qui a inspiré ce jardin à son créateur / le marquis de Girardin / Girardin / alors éclairé / influencé par les écrits du philosophe / s’inspire de son roman / la Nouvelle Héloïse / où Rousseau décrit son jardin idéal – F. B. – Le jardin idéal où l’homme vit en harmonie avec la nature / donc c’est-à-dire qu’on est dans l’anti-Versailles / ou plutôt on essaye de / d’éviter de voir la main de l’homme sur le paysage – I. P. – Girardin en fait un jardin paysager à l’anglaise / une petite révolution avant la grande / car ici pas d’allées rectilignes ornées de fleurs ni jeux d’eau flamboyants / la beauté se veut moins ordonnée / plus sauvage / et chemin faisant on s’engouffre dans un monument ornemental – F. B. – Donc voici nous nous trouvons dans la grotte des naïades – I. P. – Cette grotte fait écho au mythe de la caverne de Platon / puisque le promeneur est invité à passer dans l’obscurité pour rejoindre la lumière qui délivre la connaissance sur le monde / et en sortant de la grotte nous voici face à un tableau paysager / un lac avec au loin une petite île bordée de peupliers où se trouve le cénotaphe de Rousseau / tombeau où il fut inhumé le 4 juillet 1778 avant que ses cendres ne soient transférées au Panthéon / mais l’île est inaccessible aux visiteurs – F. B. – Les admirateurs et fanatiques de Rousseau venaient prendre un / un morceau en tant que souvenir / un morceau du cénotaphe et l’emportaient avec eux / et puis d’autres / et pris d’une / d’une vision romantique soudaine à / à l’approche de ce tombeau se jetaient dans l’eau / et donc on a / on a retiré la passerelle métallique – I. P. – Marie-Antoinette est venue se recueillir ici sur un banc qu’on appelle encore le banc de la reine – F. B. – Les révolutionnaires viendront ensuite / Danton / Robespierre / Mirabeau / et puis les grands romantiques / Gérard de Nerval / Chateaubriand / George Sand / voilà / vont venir / se déplacer / rendre hommage au philosophe / d’où la renommée des jardins d’Ermenonville – I. P. – Et puis midi sonne / direction le château d’Ermenonville juste à côté où Rousseau vécut ses derniers jours / Mickaël Bois / le chef de cuisine du restaurant la Table du poète y sert justement un menu à la mode Rousseau / Mickaël Bois s’est inspiré du livre l’Assiette de Jean-Jacques Rousseau / écrit par Jean-Marc Vasseur / historien et directeur culturel de l’abbaye royale de Chaalis / et c’est à l’abbaye que nous retrouvons Jean-Marc Vasseur pour évoquer Rousseau / lequel respectait quelques principes culinaires – J.-M. V. – Il est locavore / il nous dit / il faut absolument acheter local / il dit / ça ne sert à rien d’acheter des fruits hors-saison / à quoi me servirait de goûter des cerises insipides l’hiver / ça serait me priver du plaisir qu’on a à croquer dans le fruit au mois de juin – I. P. – Il aurait un discours qui conviendrait parfaitement aujourd’hui / non / Rousseau était un dromomane / autrement dit Rousseau avait un besoin maladif / irrépressible / de marcher / il marchait tout le temps pour s’isoler du monde et bien sûr pour botaniser / l’abbaye de Chaalis / XVIIIe siècle / abrite une galerie dédiée à Jean-Jacques Rousseau / des manuscrits attestent de l’autre passion de Rousseau / la musique / Rousseau a composé plus d’une centaine de morceaux comme celui-ci intitulé Pantouflettes et repris aujourd’hui par l’ensemble Alba.
LEXIQUE
Promeneur solitaire : allusion à l’ouvrage de Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, sa dernière œuvre, restée inachevée, publiée à titre posthume, et dont la dernière partie a probablement été rédigée lors de son séjour à Ermenonville.