Fdlm 415 – Politique : la visite du Président de la République en Guyane (3’45’’)
Au mois d’octobre 2017, le Président Emmanuel Macron a passé trois jours en Guyane. Il est venu annoncer des mesures de lutte contre l’insécurité et l’immigration illégale. Malgré l’exaspération des Guyanais, Emmanuel Macron n’a pas souhaité faire des promesses intenables. Le reportage à Cayenne et à Maripasoula de Benjamin de Haut.
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TRANSCRIPTION
Benjamin de Haut – Au mois d’octobre dernier / Emmanuel Macron / le Président de la France / a choisi de se rendre en Guyane pour trois jours / le climat là-bas est tendu / les attentes sont très nombreuses / aussi bien en matière de sécurité qu’en matière de pouvoir d’achat / les habitants sont désabusés – Nous vivons l’insécurité / toujours l’insécurité / dans la vie de tous les jours hein / on est obligé d’être enfermé et / et les voleurs sont / sont / sont dehors quoi / des cambriolages / des vols / des viols / et tout / c’est un travail énorme / énorme à faire / dans toutes les communes / maintenant nous voulons du concret – On n’en a rien à cirer du Président – Y a rien de réalisé / ils avaient promis un hôpital / ils avaient promis la rétrocession de terres / ils avaient promis pour les agriculteurs / des fonds pour les agriculteurs / puis rien n’a été fait – B. de H. – Alors dès le premier soir des violences ont éclaté dans le centre-ville de Cayenne / jets de pierres / de bombes lacrymogènes / quelques dizaines de casseurs tout au plus / des jeunes surtout / et à côté / des habitants pacifiques mais très en colère / comme Nadine – N. – Cette préfecture-là / que vous voyez aujourd’hui / que les gendarmes sont en train de barricader là / nos ancêtres ont travaillé pour la monter pierre par pierre / et aujourd’hui on veut nous empêcher de se mettre devant / sur la pelouse / nous sommes traités plus bas que terre / nous sommes pas des chiens / nous sommes des citoyens entre guillemets français / parce que moi / je me pose la question à l’heure d’aujourd’hui qui je suis / je crois que je suis guyanaise / sud-américaine / française pas du tout / européenne encore moins / parce que la vie / c’est nous qui la vivons / pas de soins / pas d’hôpitaux / d’accord / quand on fait un AVC / on crève ici / monsieur / nous avons fait la grève pendant un mois / un mois plein / d’accord / personne ne nous a entendus / et vous voulez qu’on continue à rester gentil – B. de H. – Emmanuel Macron a d’abord condamné les violences dans un grand discours à la préfecture de Cayenne le lendemain – E. M. – Je suis venu en sachant qu’il y avait toujours une colère / et la République / elle ne cède pas aux gens qui sont en cagoule – B. de H. – Le Président ne s’est pas seulement rendu à Cayenne / il est aussi allé dans la ville de Maripasoula / cette commune de l’est à la frontière du Surinam et du Brésil / ce n’est pas seulement la ville la plus étendue de France / ce territoire est une enclave qui n’est desservie par aucune route / il n’y a que deux moyens pour s’y rendre / par les airs avec l’aérodrome ou en passant par le fleuve Maroni en pirogue / fleuve qui sépare la Guyane du Surinam / dans cette commune d’un peu plus de dix mille habitants au cœur de la forêt amazonienne l’orpaillage est l’activité économique principale / l’orpaillage / c’est l’extraction de paillettes d’or par lavage des sables aurifères / le problème / c’est que l’orpaillage illégal est un fléau / cela pollue le fleuve avec du mercure / les Guyanais sont impuissants et le Président Macron a promis de les aider / dans ce territoire il y a énormément d’autres problèmes / insécurité bien sûr / mais dans certains endroits il n’y a pas non plus d’eau ni d’électricité / les services de santé sont défaillants / à Maripasoula il n’y a pas de lycée non plus / ce qui oblige les adolescents à aller en internat à Cayenne / à une heure d’avion / résultat / l’échec scolaire est immense / mais Emmanuel Macron a promis d’y remédier – E. M. – On va créer un nouvel internat pour les garçons / un internat pour les filles / et on va remettre de l’argent pour le lycée / on va en mettre pour un stade que le maire veut faire / je lui ai annoncé la bonne nouvelle / faut faire du sport – B. de H. – Et à cela s’ajoutent les problèmes d’immigration massive clandestine en provenance surtout du Brésil et du Surinam / le gouvernement français promet d’accélérer l’examen des demandes d’asile / mais également de réserver l’accès aux aides sociales pour les personnes qui peuvent prouver qu’elles ont passé quinze ans sur le territoire guyanais.
LEXIQUE
AVC : sigle pour accident vasculaire cérébral.
N’en avoir rien à cirer : (locution verbale, familier) n’en avoir rien à faire de quelqu’un ou de quelque chose, s’en désintéresser totalement, traiter avec mépris.