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Fdlm 398 – Société : les libraires s’organisent (3’36’’)

Posté le par le français dans le monde

Depuis le 8 juillet 2014, la loi anti-Amazon votée par le Parlement français interdit aux libraires en ligne d’offrir le coût de la livraison. La nouvelle législation aurait dû permettre aux librairies de quartier de retrouver des clients. Sauf que cette loi a été contournée par les sites en ligne. Désormais ils facturent bien les frais de port mais seulement un centime d’euro. Une somme symbolique qui leur permet encore aujourd’hui d’être moins chers et plus rapides. Alors certains libraires résistent en organisant des dédicaces, des lectures, des rencontres avec les écrivains, mais aussi en sélectionnant le mieux possible leurs livres. D’autres ont même décidé de faire alliance et de créer des plateformes communes pour rivaliser avec la Fnac ou le géant américain Amazon. Reportage de Benjamin Dehaut.

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TRANSCRIPTION
Benjamin Dehaut
– Aujourd’hui le géant Amazon ou les sites de grande distribution comme la Fnac possèdent 70 % du marché du livre / conséquence / les trois mille librairies françaises souffrent / en particulier les libraires indépendants / beaucoup de ces petits commerces de quartier ont dû fermer / mais d’autres s’organisent et pour retrouver leur clientèle elles multiplient les initiatives pour séduire les lecteurs / depuis quelques mois le moral des librairies est meilleur / Paul dirige une petite librairie indépendante dans le dix-huitième arrondissement de Paris – P. – On sort du discours que l’on entend depuis deux-trois ans en disant / la librairie ne va pas bien / la librairie va mourir / et voilà / donc finalement la librairie indépendante va plutôt bien / d’abord parce qu’elle existe depuis très longtemps et que c’est un métier de contact avec des gens qui rentrent dans la librairie – B. D. – Et ce qui fait revenir certains clients chez les professionnels du livre / c’est aussi l’amour du papier / Valérie est libraire dans le centre de Paris et elle en est persuadée / l’avenir du livre / c’est le papier – V. – Il y a le contact aussi physique avec le papier / nous / on a beaucoup de clients qui nous disent ça / qui veulent le contact physique / et puis aussi prendre le temps de regarder la quatrième de couv. / regarder s’il y a des conseils affichés / s’ils savent pas trop quoi lire demander conseil / moi / je m’occupe du rayon littérature / souvent moi les gens me demandent conseil pour offrir / ceux sur lesquels je mets des coups de cœur / oui / parce que je les ai lus de la première à la dernière page – B. D. – C’est justement pour les conseils et les coups de cœur de Valérie que Salomé est prête à traverser toute la ville pour acheter ses livres chaque mois – S. – Je traverse tout Paris pour retourner dans cette même petite librairie / la première fois j’avais besoin de faire un cadeau pour une amie / quelqu’un que je connaissais pas très bien / mais j’avais pas envie de m’arrêter sur son cadeau / j’ai un peu décrit à la libraire / j’ai dit voilà / c’est une jeune femme qui a trente ans / qui est comme-ci comme ça / et la libraire m’a proposé deux livres / j’ai acheté un des deux et j’ai fait un carton avec ce cadeau / parce que la personne à qui je l’ai offert m’a dit / génial / c’est super / je le voulais trop / ses copines autour étaient presque jalouses de / de mon cadeau / depuis je vais lire tous les coups de cœur / les nouveaux coups de cœur / et je suis rarement déçue – B. D. – Autre initiative pour garder les clients / faire de sa librairie un espace de rencontres / de conseils / certains petits libraires organisent des lectures / des débats / des rencontres même avec les écrivains / c’est le cas de Fabrice / depuis trois ans il a même mis en place un prix littéraire / six livres sélectionnés et ce sont les lecteurs qui votent – F. – Chaque librairie fait appel à des candidatures pour que des clients lecteurs deviennent jurés de ce prix / c’est l’occasion de donner / de prolonger un petit peu la vie de ces livres – B. D. – Pour lutter / des dizaines de petites librairies ont décidé de s’organiser / Sabine et Alain par exemple ont créé un site Internet commun / le principe / vous cherchez un livre / vous le réservez et vous allez le chercher / et s’il n’est pas disponible chez votre libraire habituel / le site Internet vous indique quelle librairie l’a en stock – S. – On se tire absolument pas dans les pattes / entre libraires au contraire on est solidaire / si j’envoie mon client dans la librairie d’à côté / j’ai pas peur de perdre mon client – A. – On fait aussi bien / voire la plupart du temps mieux qu’Amazon / sauf qu’on est parti dix ans plus tard / je pense qu’on en a beaucoup sous le pied encore à démontrer / qu’on est capable d’être des animateurs culturels de notre quartier / de découvrir des livres / on a tous ces atouts-là – B. D. – Enfin ce qui inquiète certains libraires aujourd’hui / c’est l’essor des tablettes et des jeux sur écran / des évolutions technologiques qui d’après eux feraient perdre progressivement le goût de la lecture aux enfants.

LEXIQUE
La quatrième de couv. : abréviation courante pour quatrième de couverture, dernière page extérieure du livre ; on y trouve généralement un résumé ou un extrait de l’ouvrage, des indications sur l’auteur, le prix, quelques informations légales sur l’éditeur.

Faire un carton : réussir son coup au-delà de ses espérances (expression imagée provenant de l’entraînement au tir au fusil sur des cibles en carton).

Coup de cœur : (expression imagée) attirance marquée pour quelqu’un ou quelque chose, passion.

Se tirer dans les pattes : (expression imagée)se gêner, se nuire mutuellement ; causer des ennuis ou des difficultés à quelqu’un.

En avoir sous le pied : (expression imagée) avoir des ressources cachées ; ne pas se fier aux apparences.

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