Fdlm 398 – Actualité : le grand rassemblement du 11 janvier 2015 (2’48’’)
C’est une photo qui a fait le tour du monde. On y voit des Français, de toutes origines, qui escaladent la statue de la place de la République, à Paris, brandissant des drapeaux tricolores et un crayon géant, symbole du combat pour la liberté après les tueries de Charlie Hebdo, de Montrouge, et les crimes antisémites perpétrés à l’Hyper Cacher de Vincennes. Des attentats qui ont coûté la vie à 17 personnes, les 7, 8 et 9 janvier dernier. Le sursaut n’a pas tardé : le week-end qui a suivi, le samedi 10 janvier en province, et le dimanche 11 dans la capitale, les Français sont sortis en masse dans les rues pour protester pacifiquement et silencieusement contre ces crimes qui s’attaquent aux valeurs de la République. Souvent abstraits, inscrits aux frontons des grands monuments, ces mots de « liberté, égalité, fraternité » sont d’un seul coup redevenus tragiquement concrets. Notre reporter, Gaël Letanneux, nous fait revivre le déroulement de ce 11 janvier, qui restera comme l’une des dates incontournables du calendrier des Républicains.
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TRANSCRIPTION
Gaël Letanneux – Paris n’a pas connu ça depuis la Libération / les places de la République et de la Nation sont noires de monde / en ce 11 janvier la police ne compte même plus les manifestants tellement les rues débordent / la foule à perte de vue jusqu’aux balcons des immeubles et cette clameur qui monte / combien sont-ils / un / deux / trois / non / sans doute quatre millions / parmi eux / Patrick et sa petite pancarte / « je suis Charlie » – P. – C’était une urgence / j’avais besoin de venir participer à quelque chose qui me semble historique et qui me semble un réveil de la France / il y a des grands / des petits / il y a des jeunes / des vieux / et ça fait plaisir de voir la France comme ça / je pense que la France est vivante – G. L. – Moment rare de communion / de fraternité / Hicham / le musulman / et Jean-Baptiste / le catholique / main dans la main – H. – On n’est pas là pour rencontrer des musulmans / on est là pour les valeurs de la liberté / qui sont aussi les nôtres / parce que si ces actes sont commis au nom d’un certain Islam / extrémiste / on ne se reconnaît pas du tout là-dedans – J.-B. – Je suis au côté de mes amis musulmans / de mes amis juifs / que je connais bien / sans liberté d’expression il n’y a pas de liberté religieuse – G. L. – À l’avant du cortège / une autre fraternité / plus rare encore / celle des hommes politiques / cinquante chefs d’État et de gouvernement / bras dessus / bras dessous / Ibrahim Boubacar Keïta est le président du Mali – I. B. K. – Je pense que fort heureusement dans ce monde des hommes il y a encore une très forte volonté de / d’avoir raison de la bête / elle est pas morte / elle rode / mais qu’elle sache qu’elle n’aura pas raison de nos / de nos volontés réunies / du refus de nos peuples de se soumettre à l’ignoble / à l’ignoble – G. L. – De gauche à droite / de droite à gauche / c’est la trêve et l’union nationale / de Jean-Louis Borloo à Manuel Valls – M. V. – Paris est / est la capitale du monde / de la liberté et de la démocratie / et ce qui est le plus impressionnant / c’est le silence / ce peuple qui / qui est là / pour dire que nous sommes tous Charlie / que nous sommes tous des policiers / que nous sommes tous des juifs français d’abord / on chante la Marseillaise / on agite des drapeaux / c’est la plus belle réponse – J.-L. B. – Tout être humain est une fraction de l’humanité et ça / c’est un / un énorme travail / alors il va y avoir un travail de réponse opérationnelle / très ferme / mais il y a avant tout un sursaut de fraternité à introduire dans nos sociétés / et c’est les mamans / c’est / c’est dans les familles que ça se passe – G. L. – Et dans cette marche / des scènes inédites / les policiers / les gendarmes applaudis / parfois même embrassés par la foule – Quelqu’un a dit « vive la police » / « vive la police » / moi / j’ai crié / sans y réfléchir / « j’irai bien embrasser un flic » / et puis toute la foule a scandé / « un bisou » / « un bisou » / je me suis lancé et voilà / ça s’est fait comme ça / c’était le premier qui était en face de moi / bon / la police / de temps en temps / on n’est pas content après eux parce qu’ils vous mettent un PV / mais faut pas oublier qu’ils sont là pour nous protéger – G. L. – L’esprit du 11 janvier et le lendemain / le 12 / l’impression que quelque chose a changé – Ça a regroupé des gens autour d’un terme commun et ça se ressent dans le métro ce matin / les visages sont plus sereins / beaucoup plus détendus / ça fait plaisir en fait – Je pense que les gens sont plus liés / ils sont plus liés / ils sont plus unis – G. L. – Il y aura un avant et un après 11 janvier / ce jour où la France a redécouvert les valeurs de sa devise républicaine
LEXIQUE
PV : acronyme pour procès-verbal, synonyme de contravention.
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