Fdlm 391 – Chanson : Étienne Daho (3’12’’)
Les Chansons de l’innocence retrouvée, c’est le titre poétique du nouvel album d’Étienne Daho, inspiré des Chants de l’innocence et de l’expérience du poète anglais William Blake : manière de suggérer qu’à l’instar du poète, il se perçoit en personnage double, pris entre lumières et ténèbres, présent et passé, légèreté et gravité. Après six ans d’absence, le chanteur signe un album hors mode où perce la gravité des textes derrière une apparente douceur musicale. Étienne Daho, au micro d’Isabel Pasquier.
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TRANSCRIPTION
Isabel Pasquier – Avec ses Chansons de l’innocence retrouvée Étienne Daho signe des textes introspectifs et existentiels où il dévoile sa part d’ombre / Daho habille avec une élégante légèreté les noirceurs de son âme tourmentée / l’écriture incandescente est habitée par des questions sur le destin / les doutes / les blessures de l’enfance / les fièvres de la jeunesse / comme si Camus et Verlaine se rencontraient dans les plis d’une électro-pop symphonique / caressante et anxiogène / Étienne Daho / vrai dandy et faux ingénu charmeur – É. D. – Pour moi / l’innocence / retrouvée en tout cas / telle que j’entends le titre / c’est / deviens qui tu es / ou redeviens qui tu es / si on s’est perdu de vue / il y a beaucoup d’énergie / énergie de reconstruction / énergie de décision dans cet / dans cet album – I. P. – Justement cette question sur le destin / est-ce qu’on est maître de son destin – É. D. – C’est une question que je me pose / que je me pose comme beaucoup de gens / est-ce que son destin / qu’est-ce que c’est que cette chose-là / qu’est-ce que c’est que cette chose qui traverse nos vies / est-ce que c’est écrit / est-ce / est-ce qu’on le fabrique / moi / il me semble que j’ai / que je l’ai construit /
je me suis fabriqué une belle vie – I. P. – On sent que vous êtes loin d’être devenu quelqu’un de sage / de raisonnable / vous chantez les fièvres de la jeunesse que vous voulez absolument garder intacte – É. D. – C’est quelque chose qu’on perd pas / c’est quelque chose qu’on garde toute sa vie / je parle des fièvres de la jeunesse / mais je parle de la fièvre tout court / la fièvre est quelque chose qui n’a pas d’âge / ça court dans vos veines / vous êtes vivant / vous avez besoin de sensations fortes / de passions / je sais que c’est très aveuglant / mais c’est peut-être encore une manière de conserver son adolescence / mais j’ai encore ça chez moi / j’ai besoin de ça / j’ai besoin d’être aiguillonné par des choses qui sont pas des choses sages – I. P. – Justement dans cet album il y a aussi le / le goût du danger – É. D. – Oui / l’attraction du danger / je l’ai toujours ressentie / ou j’ai toujours été attiré par des personnes dangereuses / ou sulfureuses / ça m’a toujours fasciné / une partie de moi est comme ça et une partie de moi se protège – I. P. – Quand vous chantez « il faut aller trop loin pour avancer une peu » / ça résume votre philosophie – É. D. – Oui / je pense vraiment que le bonheur est un confort dangereux / je le recherche bien sûr / mais je l’ai toujours trouvé anesthésiant – I. P. – L’écriture de la musique vous permet de réparer des choses – É. D. – Oui / je pensais pas que c’est ça une chanson / mais je / je pense que c’est le cas pour la plupart des gens qui écrivent / ils expulsent quelque chose qui les contrarie / ou autrement on pourrait tuer quelqu’un peut-être / je sais pas / ce qu’on devient / ce qu’on pourrait devenir / un serial killer / ou quelque chose comme ça.
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Deleligne Laurent
Bonjour !
Bel entretien, que j’espère utiliser avec mes futurs élèves de stage FLE.
Bien cordialement, Laurent
Tibaud
Toujours autant d’énergie en live malgré des pépins de santé, chapeau Monsieur Daho