Il aura fallu sept ans et quinze kilos de dossiers pour les convaincre. Mais la bonne nouvelle est finalement tombée : l’Unesco a inscrit le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au patrimoine mondial de l’humanité. Réunis à Saint-Pétersbourg, en Russie, les vingt et un États membres ont validé la proposition le 30 juin 2012. Le bassin minier, 120 kilomètres de long, 4 000 hectares de friches industrielles (chevalements, terrils, fosses…) et d’architectures (cités, édifices religieux…), fait désormais partie des trente-huit biens culturels et naturels français inscrits sur cette liste. De quoi faire respirer et rebondir un territoire marqué par la fermeture des puits de mines, après trois siècles d’exploitation. Reportage de Gaël Letanneux.

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TRANSCRIPTION

Gaël Letanneux – Ce n’est pas juste une distinction / c’est une véritable reconnaissance / ici / pendant trois siècles / on a exploité le charbon et des générations de gueules noires sont descendues à la mine / souvent au péril de leur vie / alors voir l’Unesco célébrer le caractère universel de la vie ordinaire de ses parents et grands-parents mineurs / c’est pour Guy Delcourt / député-maire de Lens / un vrai sentiment de fierté – G. D. – Nous / le peuple dominé du bassin minier pendant des décennies / y compris par les cotonniers et les lainiers / mais il y a pas de rancune dans / dans ce que je dis / pas du tout / mais c’est parce que je l’ai vécu étant enfant / aujourd’hui nous redressons la tête / je pense que pour les générations futures / dans un contexte difficile / nous sommes à la fin de / du creux de la vague – G. L. – Transformer le patrimoine noir en archipel vert / changer le regard sur ce plat pays du Nord-Pas-de-Calais / c’était l’ambition de l’élu écologiste Jean-François Caron qui a défendu la candidature du bassin minier devant l’Unesco – J.-F. C. – On est regonflé à bloc / on le sent chez tout le monde / il y a

une / cette fierté retrouvée / elle nous permet de relever la tête et / et d’entreprendre – G. L. – Entreprendre la réhabilitation de cette immense friche industrielle / sur 120 kilomètres / 17 fosses / 21 chevalements / 124 cités minières / 3 gares et 51 terrils / ces collines artificielles typiques du bassin minier / enjeu touristique et donc économique / souligne Florence Mini / qui a elle aussi soutenu le projet – F. M. – Depuis quelques années maintenant on découvre / on redécouvre le patrimoine industriel / ce qui est industriel peut faire patrimoine / et certains touristes vont rechercher ces / ces sites-là / qui dit tourisme dit de toute manière économie / et c’est pour ça qu’on pense effectivement à un véritable enjeu – G. L. – Et qui aurait pu imaginer qu’un hôtel de luxe 4 étoiles ouvrirait ses portes à Lens / on parle aussi d’une usine de robotique qui pourrait bientôt s’implanter dans la région / le bassin minier / attractif et prometteur / pour Guy Delcourt – G. D. – Quand je vais le soir tardivement me balader pas plus loin que cela au parc des Glissoires et que je retrouve des lacs / toute une variété de faune / de flore / sur un puits de mine / encore je suis fier / et quand je vais au stade Bollaert / et que je me dis que le stade Bollaert et le Racing club jouent sur l’ancien site de la fosse 1 / n’est-ce pas somme toute le meilleur hommage à la mémoire des mineurs qu’on puisse leur rendre – G. L. – Car désormais / sur la liste des sites classés au patrimoine mondial le bassin minier côtoie le Taj Mahal / le Mont-Saint-Michel ou la Grande Barrière de corail.

LEXIQUE

Les gueules noires : surnom donné aux personnes travaillant dans les mines de charbon (argot des mineurs).

Être au creux de la vague : se trouver dans une mauvaise situation économique ou psychologique, être dans une profonde incertitude (expression imagée).

Être (re)gonflé à bloc : être plein d’énergie, de courage, d’optimisme, d’audace (expression familière).

Le Racing club : le club de football professionnel de Lens.

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