Fdlm 390 – Éducation : les cahiers de vacances (3’08’’)
Il s’en vend chaque année des millions d’exemplaires. Les cahiers de vacances, semble-t-il, rassurent davantage les parents, inquiets des résultats solaires passés et à venir de leurs enfants, qu’ils n’enthousiasment les élèves. Alors, que peut-on en attendre et comment les utiliser au mieux ? Jusqu’à quel point ces fascicules sont-ils en mesure de compenser les retards scolaires accumulés au long de l’année écoulée ? Et peut-on les utiliser pour préparer les programmes de l’année suivante ? Conseils de professionnels, et reportage de Gilles de Romilly.
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TRANSCRIPTION
Gilles de Romilly – Fin juin / juste avant les grandes
vacances / ils se placent en tête des ventes dans les librairies / quatre-vingts ans après leur invention les cahiers de vacances s’écoulent désormais à plus de quatre millions d’exemplaires chaque été en France / des cahiers qui viennent avant tout rassurer les parents angoissés / et qui permettent aussi de vérifier que les notions fondamentales de l’année écoulée ont été bien assimilées / mais attention / un cahier de vacances ne permettra jamais de sauver l’année si trop de lacunes ont été accumulées / prévient Frédérique Rollet du SNES / le principal syndicat d’enseignants – Fr. R. – Les cahiers de vacances / ou quelles que soient d’ailleurs la / les formes de révision / ne vont pas compenser le retard d’un élève qui aura pas réussi avec un enseignant / qui va pas y réussir seul / de même il faut pas chercher à anticiper le programme de l’année suivante / c’est vraiment renforcer les acquis – G. de R. – Pour tous les enfants / et a fortiori dans les familles les moins favorisées / le cahier de vacances offre un excellent support de révision et de travail que les parents ne peuvent pas toujours fournir seuls / à deux conditions / explique la psychologue et psychanalyste Monique de Kermadec / que le cahier ne soit pas imposé à l’enfant / mais proposé / et à condition aussi de bien choisir le moment de la journée pour le travailler – M. de K. – Parce que parfois l’enfant ne / ne veut pas travailler à une certaine heure / psychologiquement il est important de lui donner un choix / veux-tu le faire le matin avant de commencer la journée / ou à l’heure de la sieste / la pire heure de la journée bien évidemment / c’est avant le dîner du soir / parce que c’est une heure où on ne rentre pas toujours régulièrement à la maison / donc se mettre d’accord sur un temps et bien veiller à ce que ce temps soit limité / dans la mesure où l’enfant a participé au choix il n’aura pas l’impression que c’est simplement quelque chose d’imposé – G. de R. – Alors seulement le cahier de vacances pourra apporter un bénéfice à l’enfant / même s’il ne faut pas attendre de miracles / poursuit la représentante syndicale des enseignants / Frédérique Rollet – Fr. R. – Un enfant qui est en échec lourd ne va pas tout d’un coup miraculeusement devenir excellent parce qu’il a fait des cahiers de vacances / mais celui qui a eu une difficulté ponctuelle / passagère / qu’on va remettre en selle avec confiance / en lui disant / tiens tu vois / tu vois / c’est pas si difficile que ça / par ce biais-là on y arrive / ça peut avoir un effet positif – G. de R. – Et qu’importe si toutes les pages ne sont pas noircies / il existe bien d’autres moyens d’apprendre et d’enrichir ses connaissances / rappelle la psy Monique de Kermadec – M. de K. – Le meilleur cahier de devoirs de vacances / c’est jouer avec le parent / pendant tout le primaire / en tant que parent j’ai joué à certains jeux qui ont permis de reprendre toutes les notions / qu’elles soient mathématiques ou d’apprentissage de la langue française / si l’enfant est petit vous pouvez avoir une activité où il est le directeur d’un poney-club / ou plus grand / il tient un hôtel / et pour tout ça ils doivent pouvoir compter / utiliser toutes les opérations / savoir rédiger un courrier / on peut intégrer absolument tous les apprentissages dans le jeu / et en effet on n’apprend pas simplement quand on est assis en classe / ou quand on ouvre un cahier de devoirs de vacances / la vie est une occasion permanente de découverte et d’apprentissage – G. de R. – Le marché des cahiers de vacances est estimé aujourd’hui à 25 millions d’euros annuels / il faut dire que les éditeurs ont su créer le besoin / en vendant de la peur / la peur de la non-réussite l’année suivante / à tel point qu’il existe désormais des cahiers qui préparent à l’entrée / en maternelle.
LEXIQUE
Remettre en selle : (expression imagée) aider quelqu’un à se remettre d’aplomb, à recommencer après un échec, redonner courage à quelqu’un, remettre quelqu’un sur les rails.
Le/la/les psy : abréviation familière désignant de façon indistincte les divers professionnels de la psychologie, de la psychanalyse, de la psychiatrie…
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