Fdlm 387 – Littérature : Michael Edwards élu à l’Académie française (3’16’’)
L’Académie française a été créée par Richelieu en 1635 avec pour mission « de donner des règles certaines » à la langue française, de « la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ». Parmi ses tâches, il lui revient de rédiger un dictionnaire. La neuvième édition est en cours d’élaboration. Les académiciens sont au nombre de quarante, élus par leurs pairs. Se sont ainsi retrouvés au fil des siècles à l’Académie des écrivains célèbres mais aussi des représentants lettrés de diverses professions, hommes politiques, journalistes, universitaires, historiens, savants. Parmi les derniers élus : l’écrivain franco-britannique Michael Edwards, au micro de Bart Linner.
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TRANSCRIPTION
Bart Linner – Un nouvel élu à l’Académie française / il s’agit du franco-britannique Michael Edwards / il a 74 ans et a été désigné pour succéder à l’écrivain Jean Dutourd au fauteuil numéro 31 / parfaitement bilingue Michael Edwards est à la fois poète / critique littéraire et professeur au Collège de France / il partage sa vie entre la France et l’Angleterre / il écrit la plupart du temps dans la langue de Molière / et après deux précédentes tentatives pour entrer à l’Académie française il est évidemment ravi d’avoir été élu cette fois-ci – Michael Edwards – Je me réjouis de faire partie d’une compagnie que j’admire de loin depuis très longtemps / et je suis très heureux aussi du fait que je suis néanmoins d’origine britannique / j’espère pouvoir apporter à l’Académie une sorte de vision un peu différente / franco-britannique / une vision différente de la culture / de l’histoire / de la littérature / de la langue aussi – B. L. – Le choix de la langue française par rapport à / à la langue anglaise a été guidé par quels éléments – M. E. – Surtout par l’amour de la / de la langue française et / et de la France / des Français / j’ai épousé une Française il y a très longtemps / l’année prochaine ce sera notre cinquantième anniversaire de mariage / donc la / la langue française est pour moi non pas simplement une langue apprise / et non seulement une langue maîtrisée peu à peu / c’est aussi une langue familière et familiale / une langue qui me parle sur le plan des émotions / et à partir d’un certain moment je me suis dit que j’aimerais beaucoup écrire dans cette langue / qui est tout à fait différente de l’anglais / j’ai toujours considéré que le français était en quelque sorte l’hôte de l’anglais / euh / et que en écrivant dans cette langue je serais presque une autre personne et je verrais les choses un peu différemment / et le grand pas a été franchi lorsque j’ai décidé de / d’écrire des poèmes en français – B. L. – Vous allez faire entrer une petite part d’universalité à / à l’Académie française – M. E. – L’Académie est déjà assez universelle hein / vous savez / il y a un Chinois / un Péruvien / une Algérienne / un Libanais / je ne suis pas du tout le premier étranger à / à y être admis / je suis / je crois / le premier Britannique / comme je dis / c’est peut-être doublement important au moment où les Français souffrent de cette invasion malencontreuse / non pas de l’anglais en réalité / mais d’une sorte de sabir anglais / quand on voit une réclame à la télévision par exemple / on voit des mots anglais qui ne sont absolument pas nécessaires – B. L. – Vous êtes critique littéraire / professeur notamment au Collège de France / poète / la poésie a pu jouer un rôle justement dans votre élection à l’Académie française – M. E. – Ben / il faudrait demander / poser la question aux Académiciens / mais je / je pense aussi que tout ce que j’ai écrit vient finalement du fait que je suis poète /que je / je me penche continuellement sur les sons / les rythmes des mots / en français comme en anglais / et j’aimerais penser que si j’ai écrit certains livres en prose qui / qui valent quelque chose / je n’en sais rien / ce n’est pas à moi de le dire / c’est parce qu’il y a une sorte de / de sagesse langagière au fond de cette écriture.
LEXIQUE
Fauteuil numéro 31 : les 40 fauteuils de l’Académie sont numérotés. Un fauteuil est déclaré vacant quelques mois après la mort de son occupant et les postulants peuvent alors soumettre leur candidature. Chaque académicien siège ainsi sur un fauteuil qui fut occupé par d’illustres prédécesseurs et dont l’Académie garde la mémoire. Dans son discours de réception, le nouvel académicien est censé faire, entre autres, l’éloge de celui à qui il succède.
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