Vingt ans de scène déjà pour Dominique A, que l’on qualifie souvent de « père » de la nouvelle scène française et qui a influencé des artistes comme Miossec, Arman Méliès, Françoiz Breut… L’artiste nantais a sorti récemment un album qui marque un virage dans sa discographie. Son titre : Vers les lueurs. Ce huitième album est beaucoup plus solaire que ses disques précédents, souvent plongés dans une atmosphère mélancolique. Dominique A, au micro d’Isabel Pasquier.

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TRANSCRIPTION

Isabel Pasquier – Que les fans de Dominique A / le poète rock austère / se rassurent / Dominique A n’est pas tombé dans le monde de la variété pop insouciante / c’est vrai que son nouvel album est traversé par une lumière à laquelle il ne nous avait pas habitués / Dominique A a seulement mis du sucre autour du poivre / il a mis en sourdine sa part sombre / sans la renier pour autant / cet album respire une légèreté qui n’enlève rien à la profondeur des sentiments / et il s’est entouré d’un quintette à vent pour faire voler ses mots et ses états d’âme / son titre / Rendez-nous la lumière / est une incantation apparemment naïve / mais qui tient surtout de l’antidote au pessimisme ambiant – Dominique A – Je revendique ces phrases qui sont très / très simples et très naïves / parce que justement finalement le mot de / de beauté est très galvaudé / et on peut se dire voilà / qui peut oser revendiquer la beauté / enfin non / c’est pas / c’est pas quelque chose qui est de l’ordre de / de / des aspirations mettons des gens quand on leur pose la question quoi / on ne dit pas / voilà / qu’est-ce que / quelles sont vos aspirations pour le futur / les gens ne parlent pas de la beauté / mais je crois qu’on a le plus simplement tous en nous l’en… / l’envie / on a besoin de beauté et que c’est des formulations qui peuvent paraître de plus en plus naïves / parce qu’on est je crois effectivement dans une / dans un / dans une ambiance très cynique / où on est surtout dans une atmosphère où ce qui prévaut / c’est l’humiliation de l’autre / voilà / de défendre sa place au détriment de l’autre / j’ai envie de parler de choses qui me tiennent à cœur / mais / mais pas non plus d’être le plombeur de service quoi / ça / c’est un truc qui m’est passé / c’est mon grand credo / c’est de tout tirer vers le haut / mais sans me trahir / je veux dire / mon écriture est ce qu’elle est / ma voix est ce qu’elle est / mes goûts musicaux sont ce qu’ils sont / et j’ai pas envie de me trahir / j’essaye juste d’être plus recevable / et plus accueillant – I. P. – Et dans cet album Dominique A ose un titre de 9 minutes / une métaphore hypnotique de l’humanité / et dans le registre sentimental une chanson / Ce geste absent / sur les gestes que nous aurions dû oser / car on pense souvent que c’est le geste de trop qui tue / mais le geste absent peut être source d’éternels remords.

LEXIQUE

Plombeur : (néologisme) qui noircit les choses, qui voit les choses de façon négative, qui rend l’atmosphère lourde, pesante ; on trouve dans un sens voisin le verbe plomber, par exemple, plomber une ambiance, la rendre pénible, plomber des négociations, les rendre particulièrement difficiles.

De service : qui a pour rôle, habitude de faire telle chose, qui est préposé à telle fonction, et dont on attend par conséquent qu’il ou elle joue le rôle en question en toutes circonstances.

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