Audio – Sport : l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (3’18’’)
C’est l’une des courses les plus difficiles au monde. L’Ultra-Trail du Mont-Blanc, qui vise à faire le tour du Mont-Blanc à pied, soit 168 kilomètres sur le toit de l’Europe, entre la France, la Suisse et l’Italie, en était cette année à sa dixième édition. L’épreuve peut durer jusqu’à deux jours et deux nuits en pleine montagne et ce, quelles que soient les conditions météorologiques. Elle mobilise, outre les coureurs, un nombre impressionnant de volontaires, de secouristes et de médecins, prêts à intervenir à chaque instant pour récupérer les éclopés. Reportage : Gilles de Romilly.
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TRANSCRIPTION
Gilles de Romilly – Objectif de ces forçats de la course à pied / partir de Chamonix et revenir à Chamonix sans jamais se retourner / après avoir contourné le Mont-Blanc par l’Italie et la Suisse / l’Ultra-Trail du Mont-Blanc / 168 kilomètres de course à pied / soit quatre marathons et 9 600 mètres de dénivelé positif / l’équivalent de deux fois l’Everest depuis le camp de base / parmi les concurrents / Patrick Gunsett / 50 ans / il a couru tous les UTMB depuis la création de l’épreuve il y a 9 ans / mais son corps en garde les stigmates – P. G. – Le corps / il est foutu / ça tire de partout / ça casse de partout / j’avance malgré tout / je dis / j’ai pas mal / bon j’ai pas mal / j’écoute pas la douleur et puis hop / la douleur est inévitable / mais la souffrance est une option / et c’est ce que je me dis à chaque fois quand je commence à avoir mal / tout ça ne consiste qu’à mettre un pied devant l’autre / plus ou moins rapidement / parfois en pente / montante ou descendante / à plat / mais c’est toujours avancer / donc / avançons – G. de R. – Le départ est donné à la tombée de la nuit / sur le parcours près de 2 000 bénévoles assurent le ravitaillement des coureurs / le dispositif de secours est lui aussi à la hauteur de cette épreuve exceptionnelle parmi les plus difficiles au monde / une centaine de secouristes / trente médecins / trois hélicoptères et 80 m3 de matériel médical / au PC course le docteur Bruno Basset coordonne les secours – B. B. – Une blessure simple / une entorse simple de la cheville ou du genou peut devenir très vite problématique et devenir une pathologie vitale en montagne quand la personne est immobilisée parce que ben elle va se refroidir et donc on peut être confronté cette année à / à / à des hypothermies / les principales pathologies qu’on rencontre / c’est de la traumatologie du sport / des entorses / des tendinites / des problèmes ostéo-articulaires / musculaires / mais on peut avoir des grosses détresses vitales / des défaillances cardiaques – G. de R. – Parmi les 2 300 concurrents un petit dixième de femmes et dix d’entre elles jouent les cobayes / elles participent à une étude médicale sur la résistance à la fatigue et à l’effort / des recherches coordonnées par le docteur Guillaume Millet – G. M. – Nous espérons montrer que les femmes ne sont pas moins résistantes que les hommes à la fatigue et même il n’est pas complètement impossible qu’elles soient un petit peu plus résistantes à la fatigue que les hommes / il y a un certain nombre de données scientifiques qui sont liées par exemple à des apports énergétiques particulièrement adaptés sur les efforts longs et également à une meilleure résistance musculaire aux contractions que l’on peut avoir lorsque que l’on court en descente par exemple – G. de R. – Cela va mettre à mal quelques attitudes un peu sexistes – G. M. – Voilà / mais je l’espère bien – G.
de R. – Le mauvais temps / tempête de neige et vent glacial / obligera les organisateurs à modifier profondément le parcours et c’est finalement au petit matin / après une nuit entière de course à pied en haute montagne à la lampe frontale / que le vainqueur franchit la ligne d’arrivée / quant à Patrick Gunsett / il arrive / lui / à Chamonix dans l’après-midi / il vient de boucler son dixième Ultra-Trail du Mont-Blanc – P. G. – La dernière bosse qu’on nous a collée là-haut avant l’Argentière / vous savez / j’ai failli mourir / donc c’est là où la tête est importante / mais j’en ai bavé comme un cochon / pour parler vulgairement / excusez-moi d’avance – G. de R. – Après ce dixième UTMB Patrick Gunsett sera-t-il au départ du onzième l’an prochain – P. G. – J’ai promis que non / mais bon / il y a des promesses parfois que je ne tiens pas toujours / moi / je prends ce qui est à prendre / et puis à force d’économiser / ben on n’a jamais le temps d’en profiter / donc je bouffe / je croque / je / j’avale / hop / goulûment – G. de R. – Sur les 2 300 coureurs sur la ligne de départ près de 800 auront abandonné en cours de route / vaincus par le froid et l’épuisement.
LEXIQUE
Dénivelé positif : il se calcule en faisant la somme de toutes les montées du parcours.
PC : acronyme pour poste de commandement.
En baver : souffrir, se donner du mal, travailler durement ; l’ajout « comme un cochon », peu usité dans ce sens, est probablement de l’ordre de l’emploi personnel, idiolectal.
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