C’est l’un des mots les plus courants de la langue française. « Marche » : « action de marcher », dit le dictionnaire… « mouvement d’une chose, d’un astre, d’un mécanisme ». La marche à pied. À la ville comme à la campagne. À chacun son but : marche utile, marche poétique, marche sans but. L’homme est un bipède à station verticale, alors il marche. Mais dans sa tête, cette marche a de multiples sens. Constat dans les rues de la capitale, au micro de Gaël Letanneux.

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TRANSCRIPTION

Gaël Letanneux – Bonjour / si je vous dis le mot « marche » / à quoi vous pensez / qu’est-ce que ça vous évoque – La marche / pour moi / c’est / c’est forcément un but / c’est assez spirituel / c’est le / c’est le pèlerin qui va à Saint-Jacques de Compostelle / ou alors le croyant qui / qui va dans la grotte de Lourdes / il n’y a pas que les randonneurs qui font du sport / hein pour moi la marche / c’est / c’est mystique / c’est religieux – Je prends pas de métro / même pour deux stations je prends pas de métro / je marche / et pour réfléchir aussi / ça relaxe – Oui / on découvre les gens / la vie quoi / on peut plus voir les détails / on est plus proche des gens – C’est la flânerie / j’aime bien / les artistes marchent hein de toute façon hein / pour se donner l’inspiration – Ça a un côté bohème un peu – Surtout ici à Paris je trouve / surtout en allant se balader dans le Marais – Je pense à Rimbaud / Rimbaud qui dirait / « Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, / Par la Nature, – heureux comme avec une femme ! » – La marche / c’est en montagne – G. L. – Qu’est-ce que vous aimez y trouver – Mais rien / rien / puisque ça sert à aller nulle part la marche / ça sert à marcher / il y a rien à chercher / ça permet de se promener / dans sa tête / la marche / à pied – J’ai pas de voiture / alors je marche – J’avais acheté un / un petit roman à mon fils quand il avait une dizaine d’années / de Patrick Süskind / et ça s’appelait

l’Histoire de Monsieur Sommer / il avait une habitude assez funeste / c’est qu’il / il / il devait marcher toute la journée / toute la journée / qu’il fasse n’importe quel temps / mais pas pour son plaisir / pour fuir quelque chose / pour aller vers la mort – J’ai lu que c’était devenu un classique de marcher quoi / moi / je ne marche pas / moi / je parcours le monde / un de mes objectifs dans la vie / c’est avant ma mort d’avoir fait tous les pays du monde / voilà / donc en voiture / en train / en vélo – « Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; / Mon paletot aussi devenait idéal ; / J’allais sous le ciel, Muse, et j’étais ton féal ; / Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! » – Et puis surtout la marche / c’est profondément humain / c’est le / c’est le bébé qui se met debout / qui fait ses premiers pas / c’est le bébé qui devient enfant / qui marche comme ses parents / c’est aussi beau que les premiers pas de l’homme sur la lune.

LEXIQUE

Le Marais : quartier central et historique de Paris.

« Et j’irai loin, bien loin… » : fin du poème Sensation d’Arthur Rimbaud.

« Je m’en allais… » : début du poème Ma Bohème d’Arthur Rimbaud.

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