Le TBI, Tableau blanc Infaillible ?
Je vous avais laissé alors que vous étiez sur le point de franchir le pas. N’écoutant que votre courage, vous avez décidé d’utiliser ce TBI dont on parle tant et dont je vous ai vanté les mérites. Bon, je peux à présent vous l’avouer, je ne vous ai pas dit toute la vérité et rien que la vérité. L’utilisation de cet outil dans nos classes comporte également quelques inconvénients. Mais rassurez-vous, rien d’insurmontable ! Voyons cela de plus près.
Bien sûr, notre tableau blanc diffère de son illustre ancêtre par son caractère interactif. Il est donc soumis à des forces impalpables qui nous dépassent, nous, simples mortels. Je veux bien entendu parler des fameux bugs et autres plantages informatiques. Pour prévenir, je n’ai que peu de conseils à vous donner. Testez si possible le matériel de la salle un petit quart d’heure avant le début du cours ! Assurez-vous, autant que faire se peut, que les activités prévues puissent être réalisables et adaptables sans notre capricieux allié.
Lors de mon précédent billet, je vous avais loué le fabuleux pouvoir de maintien de l’attention du TBI. Mais dans ce domaine, un cours avec cet instrument reste régi par les mêmes règles élémentaires que son homologue « traditionnel ». Évitez, par exemple, lors d’une correction en commun de faire venir au tableau plusieurs enfants à tour de rôle. Cela ne ferait que diminuer la concentration de l’ensemble de la classe et ralentir votre cours. Autre côté chronophage, la relative difficulté qu’éprouvent nos élèves (et parfois nous-mêmes !) à écrire sur ce support.
Vous vous en apercevrez bien vite, l’utilisation du TBI avec les enfants peut rapidement se transformer en champ de foire. Voici quelques petits conseils que j’applique dans mes salles de classe. Si vous instaurez des règles de vie (ce qui est mon cas), consacrez un point sur le TBI et son usage. Expliquez-leur que non, le TBI n’est pas un jouet, qu’une seule personne à la fois peut toucher le tableau (deux en même temps pour certains modèles)… Pour contenir l’enthousiasme parfois débordant dont ils font preuve, j’utilise son aspect ludique et interactif principalement en fin de cours, sous forme de jeux : un bingo pour réviser les nombres, une bataille navale interactive sur le matériel scolaire et les couleurs…
Vous êtes à présent, fin prêts à débuter votre activité, un memory sur les vêtements, vous l’avez parfaitement préparé, rien n’a été laissé au hasard, tout a été pensé dans les moindres détails. Un petit sourire satisfait se dessine sur votre visage, pour se transformer petit à petit en une grimace crispée, quand Barbara, 8 ans, s’avance vers le tableau… Et oui, vous vous rendez-compte que Barbara, du haut de son mètre 35, ne pourra raisonnablement pas atteindre la carte située en haut à gauche de l’écran ! N’oubliez pas de placer tous les « objets interactifs » dans la partie basse du tableau.
Voilà, ma mission s’arrête ici, c’est à vous de prendre les commandes pour tirer le meilleur de cet outil. Car gardez bien à l’esprit que le TBI n’est qu’un outil, il ne vous remplacera jamais (ouf !).
Julian Fualdes, enseignant à l’Alliance française de Madrid