Audio – Au Salon du livre : la Japonaise Ryoko Sekiguchi (2’11’’)
Le Salon du livre qui se tient au printemps à Paris accueille les petits et les grands éditeurs, les représentants des métiers du livre, les écrivains et le grand public. Il met aussi chaque année un « pays » à l’honneur : ont été ainsi invités, parmi de nombreux autres et parfois plusieurs fois, l’Allemagne, l’Italie, les États-Unis, le Mexique, l’Inde, la Chine, le Qébec, la littérature néerlandophone, les « lettres nordiques » avec le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède, les littératures francophones. Cette année, c’est le Japon qui était à l’honneur, avec la présence de nombreux écrivains japonais. Parmi eux, la poétesse et traductrice Ryoko Sekiguchi, qui a tenu pendant quelques semaines une chronique sur la tragédie du tsunami. Elle est au micro de Gilles de Romilly.
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TRANSCRIPTION
Gilles de Romilly – Le dernier Salon du livre à Paris a mis le Japon à l’honneur / parmi les écrivains invités nombreux sont ceux qui avaient choisi de revenir sur la tragédie du tsunami japonais / c’est le cas de Ryoko Sekiguchi / cette Japonaise née à Tokyo a fait le choix il y a une quinzaine d’années de vivre à Paris / elle y écrit en français et en japonais et elle est traductrice dans les deux langues / lorsque le tsunami a frappé la côte nord-est du Japon le 11 mars 2011 elle était en France et toute sa famille au Japon / c’est sous forme de chronique qu’elle a choisi de faire revivre aux lecteurs ce drame terrible qui a coûté la vie à plus de 20 000 de ses compatriotes / pour traduire ces émotions que les Japonais / peuple très digne / ne montraient pas à la télévision – R. S. – Cette dignité / elle est vraie / mais en même temps ce n’est pas parce qu’ils se comportent de telle manière / qu’ils ne pleurent pas et qu’ils n’ont pas d’émotions / c’est simplement ils ne montrent pas leurs émotions / ils ne pleureront pas devant les inconnus / devant le micro / devant les caméras / je pense que même les Japonais étaient surpris de voir les sinistrés qui se comportaient avec autant de / je dirais presque noblesse – G. de R. – En tant que traductrice Ryoko Sekiguchi part du principe qu’on peut tout dire et tout écrire / que chaque émotion et chaque détail peuvent être exprimés avec subtilité dans toutes les langues / pour autant elle admet ne pas avoir réussi à tout dire du drame japonais – R. S. – On n’arrive pas à tout dire / non pas à cause des mots / mais je pense que à cause des limites de chaque écrivain / parce que aucun écrivain n’est capable de tout dire / et je pense qu’il y a beaucoup de choses que je n’arrive pas à transmettre au travers des mots / mais ce n’est pas à cause des mots / mais c’est à
cause de moi-même / et je pense qu’il y a d’autres écrivains qui arriveront à le dire et c’est très bien comme ça – G. de R. – Son journal / Ryoko Sekiguchi l’a tenu du 11 mars au 30 avril 2011 / sa publication a aussi été l’occasion de découvrir l’ampleur de l’attachement du peuple français à la culture et à la terre japonaises / Ce n’est pas un hasard / la Chronique japonaise de Ryoko Sekiguchi est publiée chez P.O.L.
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