Domptez la bête !
Et oui, le « homo professorus feutrum » est en voie de disparition. Lui-même avait surpassé l’ « homo professorus craieis » de notre jeunesse et de celle de nos aïeux. Oublié, le bruit strident iiiiiiiiiiiiii de la craie sur le tableau noir ! Dépassées, les insupportables taches de feutre sur nos douces mains. Le nouveau support est arrivé ! Son nom ? Le Tableau Blanc Interactif ! Il est en passe d’envahir nos salles de classe et, comme tous les outils pédagogiques issus des nouvelles technologies, le TBI (pour les intimes) a quelque peu bouleversé notre quotidien. Mais à n’en pas douter, si le TBI possède des atouts favorables à l’apprentissage des langues en général, que dire des avantages spécifiques qu’il offre dans nos cours?
Je me souviens encore de ma relative appréhension quand, pour la première fois, un de mes élèves s’est avancé vers le tableau. Je n’avais même pas eu le temps de lui expliquer comment on le manipulait, qu’il l’avait déjà apprivoisé ! Mais c’est bien sûr ! Ces enfants sont les dignes successeurs de la fameuse « génération Y », dont les membres sont nés avec un téléphone portable en guise de doudou et un Ipod comme tourne-disque. Pour eux, utiliser le TBI relève de l’instinct.
Je me souviens également des regards émerveillés de mes élèves lors de notre premier cours en sa compagnie. Ils le fixaient sans relâche, fascinés par les images qui se plaçaient à la seule pression d’un doigt. Quel pouvoir d’attraction ! Ce nouveau collaborateur m’aide grandement à capter et maintenir l’attention de mes petits diables. L’un d’entre eux, que nous appellerons Marco, en est la parfaite illustration. Vous voyez de qui il s’agit ? Mais si ! Cet élève qui semble toujours s’ennuyer malgré toute notre volonté, et qui peine tant à se concentrer. Mais lorsque je propose une activité sur TBI, oh miracle !, c’est à un Marco transfiguré auquel j’ai affaire. Il se montre beaucoup plus attentif et se porte immédiatement volontaire pour y prendre part. Mais ne soyons pas dupes, si notre Marco paraît tellement intéressé, c’est que le TBI a plus d’un atout dans ses circuits. Il exerce un pouvoir infaillible auprès des enfants. Son pouvoir ludique ! C’est beaucoup plus amusant d’apprendre le nom des animaux en les associant avec leurs cris ou à l’aide d’une vidéo. De même, travailler le vocabulaire de la maison et les localisateurs est beaucoup plus divertissant lorsqu’on peut recréer sa chambre en choisissant et en déplaçant des meubles sur le tableau ou encore grâce à un memory « parlant ».
Enfin, comme l’indique son nom, le TBI favorise l’interaction au sein de la salle de classe. Je prépare souvent des activités TBI où les enfants communiquent et échangent par le biais de ce support numérique.
Pour toutes ces raisons je regarde ce nouveau support avec bienveillance. Alors, certains d’entre vous me traiteront sans doute de naïf et d’optimiste, mais je reste parfaitement conscient des éventuels inconvénients que provoquent l’irruption et l’utilisation du TBI dans nos salles de classe. Je me ferai fort de les identifier et de vous donner quelques conseils pour les surmonter. En parlant de vous, avez-vous dompté la bête ? Ou hésitez-vous à franchir le pas ? Faites-moi part de vos impressions, vos doutes ou vos expériences !
Julian Fualdes, enseignant à l’Alliance française de Madrid