Audio – Elections : les limites des sondages d’opinion (2’16’’)
« En hausse de deux points, en baisse de un point… » Tous les jours, ils font la une de nos journaux, parfois contradictoires, souvent redondants : les sondages ont investi l’espace public et médiatique. En France, c’est d’autant plus vrai qu’ils alimentent et influencent la campagne présidentielle. Faut-il leur faire confiance ? Représentent-ils un danger pour la démocratie ? Tentative de réponse avec Gaël Letanneux, pour FDLM.
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TRANSCRIPTION
Gaël Letanneux – Pour les six grands instituts de sondage qui dominent le marché en France l’élection présidentielle est une vitrine / la concurrence est féroce / pas un jour sans qu’un institut associé à un média ne divulgue ses pronostics / mais depuis la présidentielle de 2002 la méfiance est réelle / aucun sondeur n’avait anticipé la qualification de l’extrême droite pour le deuxième tour / un choc / un traumatisme qui pèse encore sur la crédibilité des sondeurs / reconnaît Gaël Sliman / l’un des directeurs de l’institut BVA – G. S. – Nous aurions dû alerter au moins sur la possibilité statistique qu’il y avait de voir Jean-Marie Le Pen se qualifier au premier tour / nous ne l’avons pas fait / certains experts l’ont fait / mais ce n’était pas des sondeurs – G. L. – Depuis dix ans les méthodes ont évolué / les sondeurs publient leurs marges d’erreur / ils donnent des précisions sur les échantillons et ont recours à la technique dite du redressement pour offrir une photo la plus juste possible / explique Gaël Sliman – G. S. – Ça signifie que au lieu de prendre une élection de référence / par exemple la dernière présidentielle pour établir les intentions de vote pour la prochaine présidentielle / on va utiliser ce qui a été le vote des électeurs aux scrutins intermédiaires aussi / par exemple aux régionales / donc en disposant comme cela d’un grand nombre d’éléments / de données et d’échantillons statistiques assez robustes / on arrive à être plus précis que nous ne l’étions – G. L. – Sur les primaires socialistes / par exemple / les sondeurs avaient vu juste / mais par définition l’enquête d’opinion reste une science inexacte qui a pour effet de modifier le fonctionnement même de la démocratie et du débat public / reconnaît le politologue Roland Cayrol – R. C. – Si on vous fait le miroir de ce que vous êtes / ça ne peut pas ne pas vous influencer de vous voir dans le miroir / si par exemple / je suis un électeur de droite / que je vois que Nicolas Sarkozy est mieux placé que les autres à droite / mais qu’il est menacé de pas être là au second tour / ah c’est vrai que je peux être tenté de voter utile / c’est pas scandaleux / ça veut dire qu’on prend en compte les uns et les autres les rapports de force existants pour mesurer la responsabilité de notre propre vote / on sait où on met son vote / on sait dans quel rapport de force on va exercer notre influence propre – G. L. – Mais en dernier ressort c’est toujours l’électeur qui a le choix dans l’isoloir de faire mentir les sondages.
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