Il est devenu réalité au Sénat, début décembre, mais n’a pour l’instant aucune chance de s’appliquer, en tout cas pas avant les prochaines élections présidentielle et législatives du printemps prochain. Projet porté par la gauche, qui l’avait adopté à l’Assemblée nationale en 2000, sans pouvoir donner suite faute de majorité au Sénat. Torpillé par la droite qui y voit une confusion des genres. Avec l’alternance à gauche au Sénat, la question du droit de vote des étrangers aux élections locales revient sur le tapis. C’est un débat qui a largement animé la classe politique en France durant ces dernières semaines, et qui n’a pas fini de faire réagir. Évolution démocratique logique ? Outil d’intégration ? Ou rupture du contrat républicain entre nationalité, citoyenneté et droit de vote ? Gaël Letanneux retrace pour nous les enjeux du débat et les lignes de fracture.

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TRANSCRIPTION

Gaël Letanneux – Pour marquer les esprits à l’occasion de la première alternance au Sénat la gauche a ressorti des cartons une promesse formulée par François Mitterrand pendant la campagne de 1981 / accorder le droit de vote aux deux millions d’étrangers non européens qui résident en France / un droit de vote limité aux seules élections municipales et sans possibilité pour l’électeur de devenir maire de la commune / l’élargissement du droit de vote / une question de justice / explique Esther Benbassa / sénatrice écologiste / rapporteur de la proposition de loi au Sénat – E. B. – Des gens qui travaillent avec nous / qui vivent avec nous / dans les mêmes quartiers / qui payent leurs impôts / qui achètent des maisons / qui envoient leurs enfants à l’école / je ne sais pas pourquoi ils voteraient pas – G. L. – Parce que c’est contraire à l’esprit de la République / répond le chef de l’État / Nicolas Sarkozy – N. S. – Je crois depuis longtemps que le droit de voter doit demeurer un droit attaché à la nationalité française – G. L. – Ne pas dissocier la nationalité du droit de voter / c’est l’argument repris en boucle à droite dans ce débat / illustration avec le ministre de l’Enseignement supérieur / Laurent Wauquiez – L. W. – Dans le Contrat social de Rousseau il y a un lien indéfectible qui est fait entre la citoyenneté et le droit de vote / on est prêt à brader les idéaux de la Troisième République pour acheter un communautarisme électoral – G. L. – Pour justifier son opposition à la réforme l’ancien Premier ministre / Jean-Pierre Raffarin / fait remarquer qu’à l’étranger la réciprocité n’existe pas – J.-P. R. – Est-ce que les Français qui habitent aux États-Unis / qui habitent en Tunisie / qui habitent en Algérie / qui habitent au Brésil / est-ce qu’ils ont le droit de vote / donc pourquoi nous / dans notre pays / on serait le seul pays à considérer que le droit de vote et la nationalité / il y a pas un lien très fort – G. L. – Réponse des partisans de la réforme / accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales / c’est un formidable moyen d’intégration / explique la sénatrice Esther Benbassa – E. B. – Un immigré qui vote se sent responsable / et puis ses enfants seront / se sentiront plus responsables / n’oublions pas que 27 % des descendants d’immigrés ne votent pas – G. L. – Mais pour l’heure ce nouveau droit accordé aux étrangers est encore virtuel / seul le Sénat / passé à gauche / l’a adopté / tout dépendra des résultats des élections présidentielle et législatives au printemps prochain.

LEXIQUE

Repris en boucle : répété sans fin, en recommençant à chaque fois depuis le début.

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