Le boom des class-toys
18h30. La salle des profs est presque vide. Deux collègues terminent une curieuse discussion qui attire mon attention. Discrètement, je tends l’oreille.
« – La balle, j’ai déjà essayé… mais le bandeau j’ose pas.
– Essaie ! Tu ne vas pas regretter ! Pour rompre la monotonie et pimenter les relations, y a pas mieux !
– C’est difficile à utiliser au début, non ?
– Avec ces petits objets, on n’est pas forcément à l’aise tout de suite mais ça devient vite naturel. Finie la routine !»
Etant moi aussi adepte, j’ai vite compris que mes deux collègues étaient en train d’échanger sur l’utilisation des « class-toys » dans leurs cours de langue. De formes, de tailles et de couleurs variées, ces objets dont la fonction première a été détournée, séduisent un nombre croissant de profs, novices ou expérimentées. Ils permettent de créer une ambiance de classe favorable aux interactions et à l’apprentissage.
Voici une liste de class-toys que mes collègues et moi aimons utiliser, accompagnée de pistes d’utilisations pédagogiques.
La balle :
Il s’agit, de loin, du class-toy le plus populaire en classe de langue, toutes catégories confondues. Les profs, comme les étudiants, l’adorent pour sa simplicité d’utilisation et son large éventail de fonctionnalités.
Ainsi, pour travailler l’enchaînement syllabique, on propose à un groupe d’étudiants de prononcer collectivement une phrase, chacun étant « responsable » d’une syllabe. La parole progresse à la même vitesse que la balle qui passe de main en main, de plus en plus vite.
Au moment de l’achat, préférez les balles facilement préhensibles, en matière douce et de couleurs chaudes.
La sonnette :
Dans la catégorie « toy sonore », voici l’objet le plus couru. Simple d’utilisation, elle signale à l’étudiant la transgression d’un interdit … qui aura été défini collectivement au préalable. Exemple : dire un mot en langue maternelle. L’avertissement sonore peut être suivi d’un « gage » pour l’étudiant « fautif » comme, par exemple, l’explication d’un point grammatical devant la classe.
Le bandeau :
Les yeux bandés, un étudiant se déplace dans la classe en suivant des instructions, données à l’oral par les autres élèves. Voici une façon ludique de travailler l’impératif et les prépositions de lieux mais aussi de renforcer les relations de confiance au sein du groupe.
La télécommande:
Marre de répéter constamment à vos étudiants de parler plus fort ? Conservez toujours une télécommande dans votre cartable et pointez-la en direction d’un étudiant pour monter le volume de sa voix ou, au contraire, coupez le son d’un étudiant trop bavard. Eclats de rire assurés grâce à ce class-toy, meilleure vente dans la catégorie « nouvelles technologies ».
La poubelle :
Malgré son manque de glamour, la poubelle trouve aussi son utilité comme objet d’apprentissage.
Placés en cercle autour d’une poubelle et munis d’une boulette de papier, les étudiants répètent une phrase en insistant sur l’accent tonique en fin de groupes de mots. Ils accompagnent le geste à la parole en lançant la boulette dans la poubelle.
Merci aux collègues de l’Alliance française Paris Ile-de-France d’avoir partagé vos pratiques des class-toys.
Et vous, faites-vous entrer d’autres objets dans votre classe de langue? Lesquels et à quelles fins pédagogiques ? Nous attendons vos idées avec envie et impatience…
Lucas Malcor, enseignant à l’Alliance française Paris Île-de-France
Smitha
Moi, je suis adepte du fouet; c’est un excellent outil pour punir!
Mais non, je blague. Je suis en revanche bel et bien adepte des « class toys ». Un de ceux que j’utilise régulièrement est le chapeau dont je me sers pour désigner un élève « responsable » d’une fonction: conjugaison des nouveaux verbes appris en classe sur le tableau, orthographier les nouveaux mots, faire la liste du vocabulaire appris pendant le cours du jour et la faire circuler ensuite à toute la classe…ou d’autres. En faisant porter le chapeau par différents élèves tous les jours, cela permet de valoriser le travail de chacun au sein du groupe et inciter une certaine rigueur face à la tâche concernée.