Depuis le début du mois de mars, les puissances occidentales ont décidé d’intervenir militairement en Libye, à l’aide de frappes aériennes, pour protéger la population contre le régime du colonel Khadafi. L’intervention est soutenue par les Nations Unies. À quel moment peut-on s’ingérer dans les affaires intérieures d’un État ? Est-ce un droit ? Un devoir ? La neutralité est-elle préférable ? Intervenir, n’est-ce pas provoquer encore plus de dégâts ? Réactions recueillies dans les rues de Paris, par Gaël Letanneux.

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TRANSCRIPTION

Gaël Letanneux – Bonjour / dans des pays où un dictateur est en place / est-ce que vous estimez qu’il y a pour les pays démocratiques un devoir d’ingérence – Je trouve ça bien d’aider les gens en fait qui veulent aller vers une forme de démocratie qui ressemble à la nôtre / mais je pense qu’il faut bien réfléchir aussi à ce qui peut se passer derrière et pas forcément laisser on va dire un foutoir / comme on l’a laissé dans certains pays quoi – G. L. – Vietnam / Afghanistan – L’Irak / j’ai un peu l’impression que tout est fait aussi par rapport à une échéance électorale / c’est ça qui m’ / qui m’effraie un peu quoi – Mais la réponse est extrêmement simple / c’est ce / ce qu’ils appellent la realpolitik / la realpolitik / c’est qu’à un moment on est copain avec tous les dictateurs du monde / et le lendemain on l’est plus / ça ne sont que les intérêts des grandes compagnies pétrolières qui / qui dirigent le monde / les / les prises de position des gens qui nous gouvernent sont tout à fait conjoncturelles – Bon ben l’ingérence / c’est effectivement quelque chose de bien / mais en fait c’est pas une obligation – C’est une bonne idée / oui / mais bien réfléchir quand même avant et / et pendant / mais pas après – Il faut vraiment que / après essayer de / d’envisager les conséquences que / on / on va pas enlever un dictateur au pouvoir et laisser la population comme ça – On peut pas laisser un humain mourir – Moi / ce qui me fait peur / c’est l’après quoi / en fait / c’est ce qui peur à tout le monde d’ailleurs – C’est toujours dangereux de commencer une guerre effectivement parce qu’on ne sait pas comment ça peut se développer – Ah c’est deux poids deux mesures / il y a plein de pays dans le monde où il y a / il y a plein comme ça de / où on tue des gens et tout comme ça gratuitement / et là comme par hasard / là où il y a du / beaucoup d’argent et du pétrole / eh ben là on y va – Fallait qu’ils interviennent aussi dans tous les pays où il y a eu des révoltes / mais c’est / c’est pas le cas – Normalement on a quand même évolué / on n’est plus dans un rapport de colonisation / donc je sais pas – Si on n’agit pas / tout / le monde entier va dire / on fait rien / quand on agit / il y a une partie de / de la population qui râle aussi / alors quelle est la / la / la réalité de la chose et / et la bonne solution / moi / je crois qu’il faut intervenir chaque fois qu’il y a un réel danger pour les populations – Il faudrait trouver des solutions plus pacifiques / défendre les intérêts de / de chaque / chaque pays / mais bon il y a toujours des plus belliqueux que d’autres / donc forcément à un moment on aboutit sur une guerre quoi / mais c’est pas la solution.

LEXIQUE

Realpolitik : (de l’allemand, politique réaliste) politique étrangère fondée sur l’intérêt national et le plus souvent sur des choix à court terme.

Avoir, faire deux poids, deux mesures : juger les choses de façon différente selon qu’il s’agit d’une personne ou d’une autre ; injustice, partialité (expression figée).

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