Audio – Les harkis (2’33’’)
C’est l’une des pages les moins connues de l’histoire récente. Celle des harkis, du nom que la France donna aux 200 000 supplétifs algériens qui ont combattu à ses côtés contre le FLN. Mais après le 5 juillet 1962, jour de la proclamation de l’indépendance algérienne, Paris abandonne ses anciens alliés à leur sort. Lâchés par la France, et par l’Algérie, qui continue aujourd’hui de les considérer comme des collaborateurs, les harkis tentent de réhabiliter leur mémoire, loin des clichés. Reportage de Gaël Letanneux.
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TRANSCRIPTION
Gaël Letanneux – C’est l’histoire d’une double tragédie / lâchés par la France et considérés sur place comme des traîtres / entre 60 et 150 000 harkis sont massacrés dans les mois qui suivent la fin de la guerre d’Algérie / aucun plan d’évacuation ni de protection n’est prévu pour les familles / et Paris limite les possibilités de rapatriement pour ses anciens supplétifs / mais des filières s’organisent / et jusqu’en 1968 près de 90 000 harkis s’installent en France / le plus souvent parqués dans des camps de transit / aujourd’hui leurs enfants et petits-enfants luttent pour réhabiliter leur mémoire / Dahbia Draouzia / elle-même fille de harkis / travaille comme adjointe au maire d’Aix-en-Provence – D. D. – Nous / on n’a pas honte du passé de nos parents / nos parents / qu’est-ce qu’ils ont fait / il y avait l’insurrection en Algérie / ils ont pris le fusil / ils ont défendu leur département / l’Algérie était un département français / me semble-t-il / et aujourd’hui on nous reproche d’avoir eu ce geste / moi / la reconnaissance / c’est pas de leur distribuer la manne financière / la reconnaissance / elle est beaucoup plus profonde / c’est dans les racines / c’est de connaître notre histoire / qu’elle soit réellement écrite / ils valent mieux que ça – G. L. – Au déracinement s’ajoute le drame social / au camp de Fuveau dans les Bouches-du-Rhône les harkis sont recrutés par l’Office national des forêts / une vie passée à creuser des chemins / élaguer des arbres / coupés du reste de la société / Boudjema Heriet évoque la souffrance de son père et sa petite retraite – B. H. – Moi / mon père tant qu’il a les yeux ouverts / j’aimerais que / je sais pas / on lui donne accès à une propriété / comme n’importe quel citoyen / il parle pas le français / c’est pas normal ça déjà / quand ils sont venus / on aurait pu les / les aider déjà pour être mieux dans cette société / et aujourd’hui / avec une retraite à 4 000 francs / c’est un peu dur pour lui de vivre avec ça / quand je dis que je suis fils de harki / ben des fois j’ai honte de le dire – G. L. – Avec le temps les plaies se referment / depuis 2003 la France organise chaque année le 25 septembre une journée nationale d’hommage aux harkis / et depuis 2005 une indemnité leur est versée / insuffisant / répond Bernard Coll qui dirige l’Association Jeune Pied-Noir – B. C. – Cette reconnaissance / si vous voulez / de la réalité historique de la décision qui avait été prise par le général De Gaulle de sacrifier les harkis pour permettre à l’Algérie de devenir indépendante est la condition indispensable pour que nos compatriotes puissent réellement être reconnus comme des Français à part entière par l’ensemble de la Nation et par les Algériens / la / la situation pour les harkis serait complètement clarifiée une fois pour toutes – G. L. – Aujourd’hui les associations de harkis exigent du président de la République qu’il tienne ses engagements / en 2007 / Nicolas Sarkozy / alors candidat / avait promis de reconnaître la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des harkis.
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