Brel a un héritier dans la musique électro. Il s’appelle Stromae, il est belge et, à 26 ans, ce fils d’un Rwandais et d’une Wallonne impressionne par la qualité de ses textes et par son jeu de scène. Stromae, c’est tout simplement Maestro en verlan. Il est l’une des révélations de l’année. On l’a vu aux Trans Musicales de Rennes fin 2010 et, cet été, aux Eurockéennes de Belfort et aux Francofolies de La Rochelle. Il a réussi à se classer en tête des ventes cet été en Belgique, en France, en Suisse et même en Allemagne. Interview du jeune chanteur à la carrière prometteuse par Isabel Pasquier.

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TRANSCRIPTION

Isabel Pasquier – Sur la planète chanson Stromae est un extra-terrestre / sur scène / ce grand ado fait preuve d’un charisme fascinant / sa diction / sa théâtralité / sa gestuelle rappellent inévitablement Brel / et pourtant le jeune Belge a fait ses classes dans le rap / Stromae a déjà aussi réussi l’impossible / faire danser toute l’Europe sur des rythmes électro avec des textes dépressifs / sur le désamour et sur la crise / mais Paul Van Haver / c’est son vrai nom / semble gérer son succès avec une certaine distance / et quand on le compare à Brel / ça ne génère pas chez lui une montée de mégalomanie – Stromae – Je crois qu’il faut le voir comme un compliment / il ne faut pas non plus s’emballer et puis commencer à se dire que ça y est / je suis le Brel / c’est pas ça / c’est juste que forcément dans la gestuelle et dans l’interprétation il y a une grosse influence de sa part / ça je le reconnais / après de là à dire que j’ai les textes ou la mélodie / la musique et cetera / ça n’a rien à voir / moi je l’écoutais / mais c’é… / c’était la seule musique / avec Ibrahim Ferrer aussi / les Buena Vista Social Club / c’étaient les seuls que je me permettais d’écouter à côté du rap / parce que le reste il fallait absolument en rester dans le rap parce que c’était la vraie musique / et cetera / parce que dans ma période bien sûr adolescente et un petit peu radicale et donc abrutie / mais forcément faut en passer par là / et c’est comme ça qu’après on grandit et on se rend compte qu’on fait de la musique avant tout – I. P. – Pourquoi il y a un tel décalage entre les paroles extrêmement violentes / extrêmement dures que vous chantez et cette musique qui donne envie de danser – S. – Moi je pense que c’est en soignant le mal par le mal / donc en parlant des problèmes / même si on est en boîte de nuit et qu’on est soi-disant là pour oublier / ben en attendant je crois qu’il faut plutôt en rire et avoir de la dérision à ce / à ce sujet-là / je crois que c’est comme ça qu’on se soigne / c’est comme ça que moi j’ai envie de danser quoi / c’est en rigolant de ma propre vie et en l’amenant sur les dance floors – I. P. – Et c’est avec une chanson d’amour / Te Quiero / version électro de Ne me quitte pas que Stromae est le plus bouleversant.

LEXIQUE

Buena Vista Social Club : groupe de musique cubain dont le nom s’inspire d’un ancien club de musique de la banlieue de La Havane, et qui a été rendu célèbre par un film documentaire du cinéaste Wim Wenders.

Dance floor : piste de danse (anglais).

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