Trois questions à Barbara Pravi
Trois ans après son premier album On n’enferme pas les oiseaux (certifié disque d’Or en France et à l’international), Barbara Pravi renoue avec ses origines serbes sur son deuxième disque La Pieva. La jeune chanteuse avait fini deuxième à l’Eurovision en 2021 avec le titre « Voilà » et obtenu l’année suivante une Victoire de la musique.
Entretien Le français dans le monde, 455, Rubrique : à écouter
Pourquoi ce titre La Pieva ?
Cela signifie « la conteuse d’histoire » en serbe. L’origine de ce nom vient de l’une de mes ancêtres tziganes qui, dans les années 1750, avait été surnommée ainsi. Elle vendait ses marchandises dans les montagnes entre la Bosnie et la Serbie. Elle chantait si bien que lorsqu’elle arrivait quelque part, tout le monde s’exclamait « la Pieva, la Pieva », ce qui signifie la chanteuse. Mon vrai nom, Pievic, vient de là. C’est une vraie histoire : mon grand-père a réalisé un arbre généalogique et cette femme eu des enfants et des petits enfants qui se sont établis dans les montagnes de Serbie. Le village existe encore et on y trouve des tombes avec mon nom de famille. Je connais cette histoire depuis toujours mais j’ai eu envie de la raconter maintenant.
La chanson « Bravo » qui ouvre l’album est une sorte d’hymne à l’estime de soi, pourquoi avoir voulu mettre en avant ce sentiment ?
C’est une chanson où il est question d’émancipation, d’acceptation de l’autre. On n’ose trop peu souvent se dire que l’on est fier de soi, comme si cela était un peu honteux ou que cela témoignait d’un manque d’humilité. Je crois au contraire qu’il faut savoir se féliciter de ses petites et ses grandes victoires. C’est important de s’aimer soi-même, de s’accepter avec ses défauts et ses qualités. Cela entraîne souvent la volonté de devenir meilleur et d’aller davantage vers les autres. C’est simple : selon moi, pour aimer les autres il faut s’aimer soi-même. C’est à partir de ce sentiment qu’est née cette chanson qui est une sorte de cri de joie et de fête.
Au concours de l’Eurovision en 2021, vous étiez arrivée deuxième avec « Voilà ». Que vous a appris cette expérience ?
Je suis contente d’avoir participé à ce concours et j’ai conscience de tout ce que je lui dois. Si je continue aujourd’hui à remplir les salles, c’est grâce à lui. Il a représenté pour moi une chance incroyable. « Voilà » est entrée dans le cœur du public qui ne cesse de me la réclamer. Elle m’a fait connaitre en France et à l’International. Mais dans ce métier, il y a aussi le revers de la médaille. J’ai été, par moments, blessée par des personnes avec lesquelles j’ai beaucoup travaillé sur le premier album. J’ai eu le sentiment que le succès, et donc, l’argent, a modifié de manière insidieuse mes rapports professionnels avec certains et certaines. J’ai sans doute ma part de responsabilité mais j’aimerais ne plus avoir à vivre ce genre de choses. Je repars avec ce nouveau disque avec l’intention de le défendre de toutes mes forces. Les morceaux qu’il contient sont plus dansants que sur le premier. Je les ai écrits en pensant à la scène, puisque j’ai acquis maintenant l’expérience de la tournée. J’ai envie de m’amuser en les interprétant et surtout de faire en sorte que le public s’amuse et prenne du plaisir.
Propos recueillis par Edmond Sadaka