Cité internationale de la langue française,

Voyage, voyage… la chanson française voyage bien

Posté le par le français dans le monde

La Cité internationale de la langue française, qui a ouvert ses portes en octobre dernier au coeur du château de Villers-Cotterêts (Aisne), présente sa première exposition temporaire : « C’est une chanson qui nous ressemble, succès mondiaux des musiques populaires francophones ».

Chacun, chacune, à l’occasion d’un micro-trottoir, y va de son petit refrain : lui, souriant « Aux Champs Élysées »…elle, nostalgique, « Quand il me prend dans ses bras, je vois la vie en rose », ou encore lui, surpris, « Oui, je veux mourir sur scène » et cet autre plus hésitant « Comme d’habitude… » ou, plus jouissif « Je ne veux pas travailler… » et en choeur « Papaoutai »… toutes et tous ensemble, c’est ce qu’ils ont retenu de la chanson française quand elle arrive jusque chez elles et chez eux. Au fond, la chanson française telle qu’elle voyage : c’est précisément le point de vue passionnant que Bertrand Dicalle, spécialiste de la chanson française et surtout son meilleur conteur, a choisi de mettre en scène dans le cadre de cette exposition joliment intitulée : « C’est une chanson qui nous ressemble », titre emprunté, chacun l’aura reconnu, aux célèbres Feuilles mortes de Prévert et Kosma comme disait Juliette Gréco quand elle annonçait sur scène cette chanson avant de l’interpréter… Oui, les chansons révèlent toujours qui nous sommes, dès lors que nous les partageons. Et ce n’est jamais par hasard qu’un non-francophone aime une chanson en français. Ce qu’il y entend, raconte quelque chose de cette langue – celle des poètes ou celle des amoureux, celle de la tour Eiffel ou celle des barricades, celle de la liberté, de la liberté chérie…

Donc, pas de prétention à l’exhaustivité, pas d’anthologie, pas de chronologie non plus et encore moins la volonté de raconter tout de cette forme artistique et de tous ses grands tubes, non juste une exploration de la géographie mondiale de la chanson francophone. Celle qui voyage, celle qui s’exporte. Et là, on n’est pas au bout de nos surprises… Tête de gondole, La Marseillaise – qu’on se souvienne juste du film Casablanca et de Humphrey Bogart – mais aussi, plus surprenant pour nous Français de France, le chant de marche de la Légion étrangère, Le boudin… Et puis des femmes, 80 % de femmes, des femmes libres, puissantes, obstinées… Édith Piaf et Juliette Gréco, Françoise Hardy et Patricia Kaas, Zaz et Aya Nakamura ou encore Clémentine, inconnue en France, 30 ans de carrière et star au Japon ; et à côté de ça, ni Brassens ni Souchon ou Renaud… Un parcours comme un voyage.

Un parcours donc comme un voyage en cinq étapes autant que de salles d’expositions pour autant d’ambiances différentes. On entre d’abord au cabaret, pareil à celui que l’on voit dans Drôle de frimousse de Stanley Donen avec Audrey Hepburn : ici, la chanson de langue française porte souvent une robe de grand couturier comme Juliette Gréco en robe noire de chez Balmain ou Aya Nakamura en icône de Lancôme, et si c’est un homme, un costume blanc immaculé associé au charme irrésistible d’Henri Salvador ou de Georges Moustaki.

On descend ensuite dans la rue, le lieu d’expression des libertés et des résistances. Pas étonnant qu’on y entonne La Marseillaise et Le boudin auxquels on a déjà fait allusion mais aussi Le déserteur de Boris Vian.

Et puis, on pousse la porte du music-hall : on le sait bien, le français est la langue qui dit « je t’aime » et fait rimer celui où l’on dit l’amour en grand avec toujours, celui de La vie en rose ou de Hymne à l’amour (Piaf) et de Mon coeur survivra pour toi (Céline Dion).

Et quand elle s’habille de pop, là, elle prend la direction du Pop Club : Françoise Hardy, icône de la pop, lui offre à elle toute seule son style inimitable et les Négresses vertes à l’aube des années 1990, Sous le soleil de Bodega, se voit décerner le titre, dixit Stéphane Mellino, de « meilleure invention depuis la 2 CV ! »

Enfin, elle sait aussi se tenir sur la piste de danse : la preuve par le zouk de Kassav’, les rythmes de Stromae, les slows de Salvatore Adamo, toutes ces musiques populaires qui traversent les frontières entre enracinement et universalité.


A lire !
Et pour celles et ceux qui ne pourraient vraiment pas venir, le livre de Bertrand Dicalle, C’est une chanson qui nous ressemble. Succès mondiaux des musiques populaires francophones. Tout le plaisir de (re)découvrir ces chansons sous un angle inédit. De petites histoires en grandes icônes, l’auteur dessine une géographie mondiale de la chanson francophone que le lecteur se laisse conter avec délices.

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