Les métiers du futur

Posté le par le français dans le monde

C‘est en essayant de se familiariser avec les outils de l‘IA (intelligence artificielle) pour illustrer certains cours et activités qu‘est venue à Gauthier Gabarrot l‘idéet venue l’idée de faire de cette technologie un outil à utiliser en classe et de construire un projet pédagogique en lien avec l’IA générative d’images.

Par Gauthier Gabarrot et Michel Boiron

L’intelligence artificielle suscite la curiosité, enthousiasme, fascine, inquiète et déroute aussi. Les technologies sont en évolution constante et ultra rapide. Dans le cadre des « Rendez-vous français », l’Institut français d’Autriche propose des actions pédagogiques auprès de collégiens et lycéens dans le cadre scolaire ou extrascolaire. Il a été décidé de proposer une activité originale et insolite en français qui utiliserait les outils de l’IA. Le but est de développer les compétences langagières orales et écrites en invitant les apprenants à mener une réflexion sur les métiers du futur et en intégrant les outils de l’IA, une technologie omniprésente et très contemporaine associée à des objectifs pédagogiques pertinents. Les sessions se déroulent en groupes de 12/15 élèves pour des effectifs d’une cinquantaine d’élèves par établissement scolaire. Les sessions qui se déroulent sur deux heures par groupe, sont organisées en trois temps qui mobilisent des compétences langagières, orales comme écrites et mettent en valeur la créativité des groupes.

Des métiers anciens ou disparus

Dans un premier temps, on propose une activité sur l’évolution de certains métiers dits anciens. Ont-ils disparu, reviennent-ils ou reviendront-ils au goût du jour dans cinq, dix, ou vingt ans ? Crieur public ? Candelier ? Gardien de phare ? Blanchisseuse ? Apothicaire ? Mineur ? Est-ce que les nouvelles technologies offriront la possibilité d’une résurrection de ces anciens métiers ? Si oui, comment ? Quelles sont les perspectives ?

Cette première activité permet de prendre conscience de l’apparition, la disparition et du retour de certaines professions au fil des ans et des siècles. Cette prise de conscience est très utile pour une mise en route et pour libérer la créativité des apprenants lors de l’activité de création qui suivra.

Des nouveaux métiers aux métiers du futur en 2500

Pour la deuxième étape, en groupes de deux ou trois, les apprenants nomment, décrivent et comparent des métiers contemporains tels que pilote de drone, streameur. euse, programmeur.euse , visionneur.euse de Netflix, influenceur.se, etc. à l’aide de critères : le salaire, les conditions de travail (pénibilité/plaisir), les lieux et postes de travail, les tenues professionnelles éventuelles. Cette partie de l’activité permet de mobiliser tous les outils langagiers nécessaires à la troisième et dernière tâche de la session.

L’activité de production finale consiste à inventer un métier du futur pour l’année 2500 ! Toujours en groupes, les apprenants produisent une description écrite du métier imaginaire qu’ils ont choisi. Dans leurs textes, ils précisent le nom du métier, décrivent l’environnement de travail, la tenue professionnelle et ils imaginent les tâches à effectuer. En fonction du niveau et des objectifs des groupes, il est possible d’adapter cette description en rédigeant une fiche de poste ou un curriculum vitae, si cela a déjà été vu en classe. Le rappel et la mobilisation des compétences travaillées pendant les cours précédents permettent aux apprenants de consolider leurs connaissances.

Des productions originales, uniques et surprenantes

Une fois la production rédigée, et après lecture et remédiation linguistique en commun en classe, le descriptif du métier est proposé comme requête ou prompt à un logiciel d’IA générative d’images. Les groupes choisissent alors le style de sortie de l’image : réaliste, rétro, manga, ancien, imaginaire, etc.

L’IA générative crée des résultats uniques pour chaque requête, ce qui génère une réelle émulation dans les groupes et plaît systématiquement. Le processus de création nécessite généralement entre trente et soixante secondes, ce qui ajoute un brin de suspense à l’activité. Les usagers / apprenants sont impatients de voir apparaître leurs futures « oeuvres ». Si aujourd’hui, les jeunes apprenants utilisent souvent l’IA pour rédiger des textes, celle-ci est encore rarement utilisée pour créer des images et, de surcroit, jamais dans le contexte scolaire. Ce genre de projet offre donc une valeur ajoutée capitale à l’exercice de l’écriture en classe. Il permet aussi de « donner vie » à un texte en obtenant un résultat visible et tangible. Les apprenants apprécient beaucoup cette activité, car le résultat est unique. Il n’existe pas d’autres images comme les leurs. La création originale ajoute une dimension émotionnelle à l’activité.

Les résultats sont vraiment surprenants. L’activité est à la fois très bien accueillie par les participants, les enseignants et la direction des collèges/lycées, mais aussi par les parents. Ce type d’activité contribue également à donner une image novatrice et contemporaine à l’institution organisatrice et à la langue française comme langue de communication. Il renforce enfin la motivation des élèves pour l’apprentissage du français. Les images créées ne disparaissent pas. Elles sont présentées à d’autres groupes lors de séances de travail dans l’établissement. Ces séances de présentation des résultats sont destinées à valoriser les participants et à motiver les prochains groupes ! Cela se fait sous la forme de présentations scénarisées « les métiers du futur » ou sous la forme de jeux et d’énigmes : quels sont les métiers représentés sur les images ?

Des variantes et une réflexion approfondie sur l’IA

La même idée peut se décliner sous d’autres formes et d’autres thématiques, par exemple « Les sports du futur : imaginez les disciplines des JO 2524 », ou « Les moyens de transport du futur », ou encore « Le logement du futur », « La ville du futur », etc. Les outils associés à l’IA sont d’une incroyable flexibilité et permettent de « donner vie » à toutes sortes de productions écrites et visuelles dont les apprenants seront toujours friands. Enfin, si le niveau le permet, les résultats du générateur d’images peuvent servir de base à une réflexion plus approfondie sur les représentations visuelles créées avec l’IA.

Par exemple, « hôtesse », même écrit sous la forme masculine « steward » donnera plus de résultats féminins que masculins. De même pour les mots « docteur » et « astronaute » ne donneront que des résultats masculins même lorsque l’on féminise les phrases de la requête. Bien que certains correctifs aient été intégrés récemment sur la majorité des logiciels de génération d’images, ces traitements que l’on pourrait caractériser de stéréotypés existent et perdurent sur la toile, base de données principale des intelligences artificielles. Ces constatations conduisent à adopter une réflexion critique par rapport aux créations associées à l’IA et par analogie à rester vigilant par rapport à toute forme de résultats, même apparemment crédibles, qui ne fondent leurs créations que sur des algorithmes de fréquence déjà présents sur Internet.

Ce type de projet est par définition évolutif. Il évolue en fonction de l’expérience au fil des cours, des publics rencontrés et des évolutions continues de la technologie, qui permettent déjà, par exemple, de produire soi-même des vidéos en se fondant uniquement sur de courts textes. Pour l’enseignant d’aujourd’hui, il est aussi sans doute peut-être un peu intimidant, mais aussi excitant, passionnant, de se dire que son métier du futur évoluera lui aussi en intégrant de plus en plus les technologies actuelles et que son rôle d’accompagnateur de l’apprentissage sera encore plus présent.

Lexique

Toutes les images ont été réalisées grâce à l’IA générative de Canva et avec des groupes de collégiens et lycéens autrichiens. Les différents sites gratuits grâce auxquels il est possible de générer des images :

  • deepai.org : résultat direct, sans abonnement.
  • openai.com/dall-e-2 : le système d’IA générative de Chat GPT.
  • pixlr.com : enregistrement gratuit, mais obligatoire.
  • canva.com : enregistrement gratuit et 40 essais d’IA générative gratuits.
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