Beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Six mois après l’entrée en vigueur de la loi Hadopi contre le piratage sur Internet, près de la moitié des internautes avouent continuer à télécharger illégalement. Près d’un sur trois affirme même être devenu un pirate du net, bien après l’adoption de la loi. Gilles de Romilly a rencontré l’un de ces pirates.

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TRANSCRIPTION

Gilles de Romilly – Entrée en vigueur il y a six mois la loi Hadopi contre le téléchargement illégal prévoit des réponses graduées pour les contrevenants / d’abord des courriels d’avertissement une fois que le pirate a été repéré / puis une saisine de la justice s’il continue / fin 2010 Hadopi avait déjà envoyé quelque 70 000 avertissements et prévoit en 2011 une véritable montée en puissance avec un objectif de 10 000 courriels envoyés chaque jour / car pour l’heure les fraudeurs sont toujours aussi nombreux et totalement décomplexés / selon une étude menée par l’organisme Hadopi un internaute sur deux avoue consommer des biens culturels de manière illicite sur la toile et trois sur dix affirment même avoir commencé à le faire après l’adoption de la loi / c’est le cas de ce jeune homme / appelons-le Tom / il a la trentaine / treize ans qu’il télécharge régulièrement des disques et des films chaque jour ou presque / la loi ne l’a pas découragé – Tom – Parmi les gros gros téléchargeurs je pense qu’il y a deux écoles / il y a ceux qui se disent / bon / moi / on m’attrapera jamais / je continue / ce qui est un peu mon cas / et puis des gens qui disent / ben non / en fait / c’est assez grave / vaut mieux arrêter / et je crois que dans les milliers d’avertissements par mail qui ont déjà été envoyés / il y a des gens qui je pense ont pris peur / parce qu’ils savaient qu’ils étaient dans le / dans le collimateur de la loi – G. de R. – S’ils sont seulement 13 % à pirater de manière régulière / plutôt des hommes et plutôt des jeunes / ils sont 95 % à penser que tous les internautes le font / les pirates sont aussi de plus gros acheteurs de biens culturels que les autres / leur première motivation au piratage reste d’ailleurs / comme pour Tom / le prix prohibitif des disques et des DVD – T. – Il y a à la fois une motivation financière / c’est genre accès à la culture gratuit / fût-il illégal / et ce côté aussi pour se cultiver vraiment / il y aurait pas eu le téléchargement illégal / il y a plein de films que je n’aurais jamais vus / il y a plein de disques que je n’aurais jamais écoutés / donc ça m’a aussi construit une culture musicale et cinéphile / et je terminerai en disant qu’il y a beaucoup de disques et de films que j’ai achetés tout à fait normalement après les avoir téléchargés et les avoir aimés / le / le rapport à l’objet existe encore – G. de R. – La moitié des internautes qui téléchargent illégalement n’envisagent pas de changer de comportement / de son côté Hadopi se donne dix-huit mois pour évaluer la pertinence de son action.

LEXIQUE

Hadopi : acronyme pour Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet.

Être dans le collimateur de quelqu’un : être surveillé de très près (expression imagée provenant du domaine militaire, le collimateur étant un instrument de visée permettant un pointage précis) ; on trouve aussi « avoir quelqu’un dans le collimateur », le surveiller étroitement, être prêt à l’attaquer.

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