Fdlm 432 – Expression : Cacao et chocolat (02’59 »)
Expression : chocolat et cacao
« Les mots de l’actualité» du 02/12/2020 – Yvan Amar
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Le mot de l’actualité avec la Délégation à langue française du ministère de la Culture
Yvan Amar
La guerre du chocolat est-elle déclarée ? En tout cas, rien ne va plus entre le Ghana et la Côte d’Ivoire d’un côté, deux producteurs américains de chocolat de l’autre. Car ces industriels sont allés se fournir ailleurs, vraisemblablement pour ne pas payer la taxe de 400 dollars par tonne qui devrait assurer un revenu plus décent aux petits producteurs. Mais, apparemment, les chocolatiers ne voient que leur intérêt immédiat. Chocolatier, en effet, c’est ainsi qu’on les appelle, ceux qui transforment le cacao en denrée comestible. Alors, chocolat c’est un mot tellement fréquent qu’on ne se pose pas vraiment la question de son origine : il sonne français depuis longtemps et pourtant il vient de bien loin, il vient du nahuatl, une langue qui était parlée assez largement quand les Européens ont découvert le continent américain. Elle l’est encore d’ailleurs, mais enfin c’est un groupe de langues, pas une seule langue, qui est fort ancien. Et le français a assez peu emprunté au nahualt : en plus de chocolat, il nous a livré la tomate, c’est vrai, qui vient de cette langue. Mais c’est le « chocolacle » qu’on a connu au départ, dans une langue où « acle » signifie « eau ». Donc le chocolat est bien considéré au départ comme une boisson. Et ce mot il est passé d’abord par l’Espagne, il est arrivé en France vers le XVIIe siècle. Il a ondulé autour de Louis XIV, parce que sa mère Anne d’Autriche avait du goût pour ce breuvage, et sa première femme, qui était née infante d’Espagne, avait amené avec elle ses habitudes et donc son chocolat. Et donc cela nous amène à plusieurs manières de dénombrer ce chocolat. Si on dit par exemple : « Je vais prendre un chocolat », c’est qu’on en boire une tasse, c’est comme si on disait je vais boire un café, einh. Mais on aussi « manger un chocolat », et là on utilise cet article indéfini pour préciser qu’on mange une friandise, une sorte de bonbon chocolaté. En revanche, si on a toute une tablette et qu’on casse un carré ou deux, on dira qu’on mange « du chocolat », on utilise ce que l’on appelle le partitif « du » chocolat, comme « du » sucre, comme « du » pain, c’est-à-dire qu’on mange une certaine quantité et non pas une unité, on est dans le « un peu de » ou dans le « beaucoup de », pas dans le 1, 2, 3…, ça ne se dénombre pas. Et puis chocolat c’est aussi une couleur, celle du produit einh, c’est marron foncé. Et on a également une expression assez ancienne et assez amusante : « Ah on est chocolat ! ». C’est-à-dire nous avons été trompés dans notre attente, nous ne sommes pas arrivés au résultat escompté. Alors c’est un petit peu le même sens que la formule « Nous avons fait chou blanc »… Pourquoi dire « chocolat » ? Peut-être à cause d’un duo comique célèbre il y a déjà plus d’un siècle, des clowns qu’on appelait Footit et Chocolat. On disait alors « Faire le chocolat » pour « Faire le naïf », et l’expression pourrait venir de là, mais ce n’est pas sûr.