Fdlm 406 – Agriculture : le Salon de l’agriculture 2016 et la colère des agriculteurs (3’54’’)

Posté le par le français dans le monde

Depuis une cinquantaine d’années, le Salon de l’agriculture, appelé aussi la plus grande ferme de France, est un événement extrêmement populaire qui permet de présenter au public les diverses filières de l’élevage et des cultures végétales, de faire découvrir et déguster les spécialités gastronomiques des différents terroirs, de donner également des informations sur les métiers de l’agriculture. Tradition oblige, le Salon est rythmé par les visites des hommes politiques de tous bords. Celui de 2016 a été marqué plus encore que l’an dernier par la colère des agriculteurs. Un reportage de Benjamin de Haut.

 

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TRANSCRIPTION
Benjamin de Haut – Le Salon de l’agriculture s’est déroulé comme chaque année au mois de mars Porte de Versailles à Paris / la plus grande ferme de France a séduit en huit jours près de six cent dix mille visiteurs / c’est quand même quatre-vingt mille de moins que l’année passée / mais l’événement marquant / ce n’est pas l’affluence en baisse mais la colère des agriculteurs français / le Président de la République / François Hollande / a été sifflé dans les allées lors de sa visite / le stand en carton du ministère de l’Agriculture a été saccagé par des éleveurs furieux / Cyril et Christian / deux éleveurs qui ont croisé la route du chef de l’État – Le message qu’on a affiché / c’est / « je suis éleveur je meurs » / c’est la situation qu’on est en train de vivre actuellement / on a un métier avec lequel on n’arrive plus à vivre et il faudrait qu’on trouve des solutions pour qu’on puisse continuer à vivre et qu’on trouve des jeunes qui continuent à s’installer et que l’agriculture française vive / ben en lait c’est simple / c’est que les cours du lait se sont effondrés et donc on arrive à / à un prix qui nous permet plus de vivre correctement quoi – Là / les mois qui vont arriver vont être catastrophiques / si avec le lait ça irait / mais le problème / c’est que les céréales se sont cassé la gueule / et après tout ce qu’on achète / lait concentré et compagnie / eux / ça baisse presque pas / il y a des éleveurs qui en peuvent plus / qui vendent leur cheptel parce qu’ils peuvent plus le nourrir / et on est en train de perdre le terroir français à cause de ça quoi – B. de H. – Le Président de la République / sifflé lors de son passage / n’a pas réussi à trouver les mots pour apaiser le monde agricole – François Hollande – Si je suis là au Salon / c’est pour faire une visite qui est toujours une fierté et qui est faite de compliments / mais aujourd’hui c’est pas de compliments que les agriculteurs veulent vivre / c’est de reconnaissance et surtout de politique durable / que venir exposer dans ce contexte / venir montrer ses animaux / alors qu’il y a déjà tellement de difficultés et de douleur / c’est vraiment un beau geste patriotique – B. de H. – En fait beaucoup d’agriculteurs sont obligés de vendre à perte le litre de lait / le kilo de porc / alors que les produits se retrouvent en grande surface six à sept fois plus chers / certains cherchent à peser face à ces grandes centrales d’achats / mais dès qu’ils se regroupent et s’entendent entre eux ils sont attaqués en justice pour entente illégale / alors certains ont décidé de se rebeller et de prendre leur destin en main / Christian a racheté un abattoir et désormais il dirige la coopérative Covia / ce qui lui permet de gérer toute la chaîne de production des vaches – Chr. – Notre coopérative est capable de les transporter de l’élevage à l’abattoir / de les découper / on est capable de les transformer et de les mettre en barquettes / nos parents et nous-mêmes / on a été habitués à produire / et il y a d’autres personnes qui se sont occupés de la vente / aujourd’hui / ce qu’on essaye de faire / c’est de produire puis d’accompagner notre produit jusqu’au consommateur – B. de H. – Malgré les idées reçues tous les jeunes ne boudent pas ce métier / Bastien et Maxime / 17 ans / ont par exemple décidé de reprendre l’exploitation de leurs parents – Je vais faire comme papa et papy qui-z-ont nourri les hommes en France / j’aime pas rester dans les bureaux et je veux être dehors et dans mon métier comme j’aime et c’est de père en fils / avec passion – On doute énormément / on sait pas ce qui va se passer dans un mois / dans six mois / aujourd’hui un agriculteur / il se fait pas un gros salaire / s’il s’en fait un / c’est déjà rare aujourd’hui / se lancer dans l’agriculture aujourd’hui / ça fait très peur – B. de H. – D’autres agriculteurs cherchent des solutions pour survivre et ce qui a le vent en poupe / c’est de devenir salarié / l’avantage / c’est qu’on ne s’endette plus en achetant une exploitation soi-même / Noémie et Christine travaillent un week-end sur trois / elles gagnent 30 % de plus que le salaire minimum français et elles travaillent 35 heures par semaine dans une exploitation laitière de Loire-Atlantique / pour elles / c’est le bonheur – Les grosses responsabilités / elles sont pas pour nous / c’est avoir une exploitation / il y a quand même pas mal de responsabilités qui sont lourdes à porter et puis il y a quand même aussi une sécurité au niveau du salaire – Oui / oui / on s’en sort bien / par rapport aux prix de la filière / le lait à 350 / nous il est à peu près doublé / je / j’ai pas à me plaindre / je suis bien dans mes montagnes avec mes vaches à fabriquer mon petit Saint-Nectaire / oui – B. de H. – Le salariat ne séduit plus uniquement les jeunes / beaucoup de Français en reconversion professionnelle se tournent désormais vers cette solution.

LEXIQUE
Ce qui a le vent en poupe :
(expression imagée) ce qui plaît, ce qui est considéré comme bénéfique ; avoir le vent en poupe, c’est avoir de la chance, être dans une situation favorable.

Saint-Nectaire : fromage de lait de vache fabriqué dans la région des monts Dore au centre du Massif Central.

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