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Pour dynamiser vos cours, bougez les tables ! (suite)

Posté le par le français dans le monde

Les journées de fle.fr étaient consacrées cette année aux espaces d’apprentissage. Elles eu lieu à l’Auditorium de l’Alliance Française de Paris. Cet auditorium est un bel espace. Comme une salle de cinéma, il a des fauteuils fixés au sol et une estrade devant un écran. C’est là que Christine Vaufrey nous a fait réfléchir sur l’espace classe idéal : il a fallu d’abord le dessiner par petits groupes en un temps restreint, mais libre à nous de choisir notre lieu de travail dans l’école. Les différents dessins ont ensuite été affichés sur les murs de l’auditorium et chacun est allé consulter les travaux des autres. La consigne de cette « mise en commun » était de rapporter à la formatrice les éléments des dessins qui nous semblaient les plus intéressants. Christine réunissait alors ces informations  au « tableau » (en l’occurrence un ordinateur et un projecteur).

Résultat de l’activité?  Une classe modulaire, évolutive, avec des parois coulissantes, de grandes baies vitrées sur la nature, la wifi, des bureaux à roulettes, où différents espaces sont réservés à la détente, au silence, ou au jeu et au mouvement… Un autre enseignement de cette séance, est que malgré les contraintes fortes d’un lieu, la classe peut devenir beaucoup plus dynamique et impliquante, pour peu qu’on prenne conscience de l’influence des paramètres de gestion de l’espace et des interactions dans le cours.

Ces paramètres favorisent en effet l’appropriation d’une langue à plus d’un titre car faire se lever et se déplacer les apprenants est aussi une façon de les sensibiliser  au pouvoir expressif du corps, aux « informations muettes » que véhiculent postures et attitudes dont parle Claude Pujade Renaud : on ne se meut pas, on ne s’exprime pas de la même façon à un pique-nique ou à un cocktail, si l’on est conciliant ou admiratif. L’incarnation physique de la communication tout comme la mise en bouche des mots, constitue alors une étape indispensable à travailler dans le processus d’appropriation tout autant –voire en même temps- que les actes de paroles. Une place devrait lui être réservée en réemploi comme en production.

Varier la géographie comme les interactions apporte enfin un brin de nouveauté, de surprise à la routine de classe. Faire sortir une partie de la classe pour s’entendre sur des informations sans que les autres ne les écoutent peut ménager du suspens. Une banale correction d’exercice aux réponses ouvertes peut se transformer en un petit défi de la moitié de la classe contre l’autre moitié pour savoir qui donnera le plus grand nombre de réponses, deux étudiants peuvent venir corriger au tableau au lieu d’un seul pendant que deux autres lisent s’il s’agit par exemple de compléter un dialogue à trous. Inviter les apprenants à se déplacer pour préparer une activité avec qui n’est pas obligatoirement le voisin habituel permet de rééquilibrer les sous groupes : ces groupes peuvent travailler et présenter leur production ailleurs que devant le bureau ou le tableau (par exemple tout autour de la classe). Pendant la préparation on n’est pas obligatoirement assis à sa table…

Loin de la perte de temps qui arrête plus d’un enseignant, le fait de déplacer les meubles et les gens se révèle être un apport indéniable pour le cours : il permet d’augmenter la quantité et la fréquence des échanges mais aussi et surtout leur qualité, le cours devient plus ludique, moins long. Parler la langue en mouvement permet de mieux se l’approprier et contribue à l’intérêt des étudiants, à leur implication et leur plaisir d’apprendre.

Caroline Biro, enseignante à l’Alliance française Paris-Île-de-France

2 commentaires
  1. Une très bonne initiative qui donne des résultats convaincants. Je trouve que cela montre bien que le développement des TIC viendra modifier l’éducation et pas seulement en ce qui concerne les supports , c’est toute une nouvelle méthode pédagogique qui est en train d’apparaître.

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