Pour dynamiser vos cours, bougez les tables !
C’est dans les années 80, qu’on commence à prendre conscience de l’influence de l’utilisation de l’espace pour faciliter l’apprentissage. De nos jours, cet aspect est encore trop souvent négligé. Il favorise pourtant participation et implication des étudiants dans les cours.
« Comment vouloir que les élèves communiquent le dos tourné ? » demande Jean-Marc Caré dans un dossier spécial du Français dans le Monde consacré à question. Si l’approche communicative instaure les classes en U, plus propices au débat, la perspective actionnelle, pour amener l’apprenant à co-agir préférera les tables réunies. Mais attention ! Il ne suffit pas de déplacer les meubles pour que la communication soit instaurée! On peut en effet faire de la version thème dans une classe en U. C’est à l’enseignant de susciter les échanges. Seulement voilà, dans la classe les différents moments et activités correspondent à des modalités de travail différentes.
Le grand groupe peut être inhibant pour l’étudiant, qui a peur de s’exposer au regard du groupe : il est donc à éviter pendant les phases de réflexion ou de recherche. Les réponses données par un grand nombre ont cependant un effet d’émulation dans le cadre d’un brain storming ou encore pour une compréhension globale où ceux qui n’ont pas tout à fait compris peuvent pour comprendre s’appuyer sur les réponses des autres.
Les activités en sous groupes ont l’avantage d’augmenter le temps de parole de chaque étudiant dans la classe. Le matin, la correction des devoirs devient ainsi plus active : les solutions sont débattues et commentées entre voisins. Ils peuvent à cette occasion se rappeler les règles. La mise en commun est alors beaucoup plus rapide, et la correction réellement attendue par les étudiants surtout quand ils ne sont pas d’accord entre eux !
Le sous groupe peut aussi être privilégié en phase de réemploi quand il faut vérifier qu’on a bien compris. De même, des tours de paroles rapides favoriseront la systématisation et l’appropriation des formes nouvelles. Lors de la production pour rechercher des informations, coopérer, créer, se mettre d’accord ou pour faire travailler des rôles différents avant une performance : les malades ensemble, les médecins ensemble.
Les deux grands groupes favorisent bien sûr l’émulation lors de concours ou de jeux, mais peuvent aussi permettre de faire travailler un rôle particulier. Tous les vendeurs peuvent par exemple travailler leurs arguments et tous les acheteurs leurs questions avant le jeu de rôle.
Bien sûr il n’est pas toujours aisé de déplacer les tables dans des salles parfois partagées avec d’autres enseignants, cela peut même parfois aller à l’encontre des habitudes d’apprentissage.
Pour que cela soit accepté, il faut dès les premières séances instaurer l’habitude de se lever, d’échanger. Dans le prochain billet, je parlerai des déplacements dans la classe et évoquerai de l’intervention de Christine Vaufrey au mois d’avril, qui n’avait rien à voir avec du cours magistral…
A très bientôt !
Caroline Biro, enseignante à l’Alliance française Paris Île-de-France
Laurence Audy Samaniego
Merci de rappeler cette nécessaire étape de déplacer les tables une fois au moins au cours d’une session. En effet, on l’oublie trop souvent : il est possible de faire beaucoup avec peu. Les tables se transforment avec bonheur en un itinéraire à franchir selon les indications du groupe pour atteindre un « trésor » caché ; et la configuration en « U » prend facilement la dimension d’une piste de défilé de mode auquel assistent les journalistes.
L’idée de rassembler les étudiants par « corporations » de rôles à jouer pour préparer leur intervention est excellente. Je la mets de côté pour bientôt !
En revanche, je ne crois pas qu’il soit tout à fait impossible de communiquer le dos tourné… par exemple, lorsqu’il s’agit, 2 par 2, de jouer une communication téléphonique dos à dos, ou de prendre des notes sur un papier que l’autre ne doit pas voir.
Vivement le prochain billet !